Trouble [Suite du sujet "Illusion, ou Ensorcellement sanglant" : libre]

Laena était partie, comme je le lui avais demandé, me demandant de ne pas tarder. C’était facile à dire... Lorsqu’ils furent hors de vue, je me reculais contre un arbre et m’y laissa glisser, grimaçant de douleur malgré mon attention à ne pas frotter la plaie contre l’écorce. Je restais ainsi pendant plusieurs minutes, ne pensant strictement à rien, me laissant porter par la douce lassitude que finissait par causer la douleur et l’engourdissement. Mais un corbeau passant par là me sortit de ma torpeur, et je soupirais en me relevant, le tronc me servant d’appui. Je sifflais le plus fort que je le pus, et mon cheval ne tarda pas à arriver, suivit de près par celui de Laena. Je les avais oublié pendant tout ce temps, et j’avais peur qu’ils ne soient repartit, mais ils avaient attendu, et revenaient au petit trot vers moi. Heureusement pour moi, je n’eu pas trop de mal à monter sur le mien, malgré toutes mes courbatures et mes cotes limite à vues…
Je le talonnais doucement et il se mit au pas, lentement, m’évitant ainsi bien des douleurs supplémentaires. Le cheval de Laena marchait à coté, tout aussi calme.

Ils nous fallu un temps plus que long pour rentrer à cette allure, mais ce n’était pas plus mal, car la nuit étant tombée depuis un bon moment, il y avait peu de monde dehors, et cela m’arrangeait bien. J’abandonnais les chevaux près des boxes, m’excusant de ne pas pouvoir m’occuper d’eux. J’attendis à l’ombre jusqu’à ce que quelqu’un viennent s’en occuper, et entrais par une petite porte dérobée dans le château. Une fois à l’intérieur, je fis en sorte de rester le plus invisible possible. Je tenais encore debout par miracle, mais je ne tiendrais pas face à des explications inutiles sur mon état si je tombais sur quelqu’un. Je rejoignis ma chambre d’un pas trainant et m’y enfermais à double tour. Je ne me détendis qu’une fois à l’intérieur.

Me précipitant alors pour me laver du mieux que je pouvais, je soignais ensuite mes blessures de façon à ne pas être mort, vidé de mon sang, avant le lendemain. J’avais l’habitude de me soigner moi-même après un combat, ou bien simplement après un entrainement avec Leldi…
Seulement après m’être assurer que mes bandages improvisés tiendraient le coup, je me laissais tomber, mais doucement quand même, sur mon lit, et fixais le plafond, toujours l’esprit vide. Les pensées affluèrent par elles-mêmes, m’inondant le crâne sans vraiment de cohérences. Je fermais les yeux et tentais de m’endormir, mais malgré la fatigue qui m’assaillait, le sommeil ne vint pas, me forçant de la sorte à organiser mes pensées.

Je repassais la journée en accélérer, essayant de combler le trou noir qui précédait ma folie. Puis je dérivais sur ma vie, où là ce n’était pas un trou mais un abîme qui m’attendait. Je revenais ensuite à nouveau sur Laena, me rappelant chaque mots que j’avais prononcé, et chaque réponses singlantes qu’elle m’avait renvoyées pour se défendre. Et je finissais enfin sur Leldi et son dernier geste. Je rouvris les yeux, coupant court à cette pensée. Je savais que je devrais m’expliquer un jour, mais je savais que cela ne servirait strictement à rien. Expliquer mon comportement ne suffirait pas à m’excuser, et le problème de ma vie avait l’air d’en ‘intéresser’ plus d’un. En fait, j’avais deux problèmes à régler, dont l’un dont je n’avais pas moi-même la solution. Me relevant brusquement, je me retournais d’un seul coup et frappais de toutes mes forces restantes le mur. Il ne devait pas me rester beaucoup de forces, car je ne réussis qu’à me faire mal…mais ca m’importa peu, et je frappais une fois encore, me retenant de crier. Je n’avais pas besoin de ca ! C’en était trop. Je devais réagir, mais comment ? Au fond, Leldi n’avait pas tors, je n’étais rien. Moi-même je ne savais pas qui j’étais…ou ce que j’étais. Cette réponse ne les convainquaient pas, mais continuer à la leur caché se retournais constamment contre moi… J’étais perdu depuis le début, et rien n’allait en s’arrangeant. Je n’étais tout de même pas sortit de nulle part… ?
Je fis quelques pas et fis valdinguer ma chaise d’un coup de pied avant de retourner sur mon lit. Il fallait que je dorme, mais même le sommeil semblait me fuir aujourd’hui. Je réussis quand même à tomber dans un état de somnolence en me forçant à me concentrer sur le silence qui régnait dans la pièce. Mais cela ne dura pas…

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