Illusion, ou Ensorcellement sanglant

- Lucas ? Lucas ? criai-je à tue-tête depuis au moins un quart d'heure, le cherchant aux abords des bois entourant la plaine. Il s'était éloigné et ne revenait toujours. Il m'avait dit de rester là, de l'attendre. Il n'en avait pas pour longtemps. J'avais donc attendu près du ruisseau durant une vingtaine de minutes avant de commencer à m'inquiéter. Où était-il ? Que faisait-il ? Cherchant en premier lieu autour de moi, je ne l'avais pas trouvé. Et je préférais ne pas risquer de m'aventurer dans les bois au risque de perdre la plaine de vue, et donc notre point de rendez-vous.

- Lucas ? Où es-tu ??? Si tu veux me faire une blague, ce n'est pas drôle...

Les chevaux paissaient tranquillement un peu plus loin, sans réellement s'inquiéter. Mais moi, je l'étais ! Ce n'était pas dans ses habitudes de disparaître de la sorte... Que pouvait-il bien faire ?
Et je n'étais pas non plus très rassurée de me retrouver seule. Je ne savais toujours pas me battre... Cette petite balade risquait de virer au cauchemar s'il ne se décidait pas à revenir bien vite ! De plus, le soir commençait à s'annoncer à l'horizon, et Leldi ne tarderait pas à s'inquiéter lui aussi, pour finalement venir nous chercher, ce qui nous vaudrait des bonnes remontrances de sa part, bientôt suivies par celle de mon père.

- Reviens, s'il te plait !

S'il m'entendait et qu'il n'approchait pas, je ne l'en aurais jamais cru capable, et ça m'apprendrait donc un point assez désagréable de son caractère !

Un son lointain me parvenait vaguement. J’ouvris les yeux sur la cime des arbres qui m’entourait. Il me fallu un bon moment avant de me rappeler ce que je faisais là, ou plutôt l’endroit où j’aurais du être, c’est-à-dire avec Laena le long du ruisseau. Ma tête était légèrement douloureuse, et je ne souvenais pas comment je m’étais retrouvé inconscient au beau milieu du bois.
La voix de Laena me parvint de nouveau, plus claire cette fois. Je me redressais, aillant comme l’impression d’avoir manquer un instant de ma vie. Je suivis la voix de la princesse afin de retrouver mon chemin. Mais à peine sortit du couvert des arbres, je ne me sentis soudain plus moi-même, comme si quelque chose…ou quelqu’un avait prit possession de mon corps et de mon esprit. Un peu déstabilisé, j’ai rejoint Laena en balbutiant des excuses sur mon absence apparemment prolongée. Elle semblait en effet inquiète. Je jetais un rapide coup d’œil autour de nous avant de revenir sur elle, et là, mon esprit s’est totalement embrumé. Je me voyais parler et agir comme de façon complètement inconsciente. J’ai attrapé Laena par le bras l’ai attirée vers moi, peut-être un peu plus violement que je l’aurais dus…

« Laena je… »

Je fis une pause, luttant contre ce que j’allais dire. Je me sentais différent,…pas moi-même.
J’étais conscient de mes paroles et de mes actes sans pouvoir les contrôlé.

« Je suis…Je t’aime Laena,…depuis toujours. Je ne rêve que d’une chose c’est de voire disparaître ce salaud de Jonathan pour ne t’avoir rien que pour moi… »

Je la tenais toujours par le bras. Je voulu tout de suite ravaler mes paroles, espérant que j’avais rêvé ce que je venais de dire, mais cela me semblait horriblement réel… Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait, et pourquoi tout d’un coup j’agissais de la sorte. J’avais toujours su dissimuler mes sentiments à sont égard, alors pourquoi d’un seul coup je lui avouais tout…et de façon si…bizarre en plus de ca ?

A mon plus grand soulagement, il apparut enfin de derrière les arbres cinq minutes plus tard. Il était couvert de poussière et avait même des morceaux de brindilles et des feuilles dans les cheveux. A croire qu'il s'était roulé par terre... Ou qu'il était tombé !

Bon sang, mais que faisais-tu ? Que t'est-il arrivé ? Je me suis inquiétée ! Tu m'avais dit que ça ne te prendrait que deux minutes, et ça fait bien une heure que je t'attends !

Il me rejoignit et s'essaya à des excuses plutôt ratées puisqu'elles ne l'excusaient pas le moins du monde !

Je me suis fait un sang d'encre pour...

Je ne finis pas ma phrase, interrompue dans mon élan par un geste inhabituel de la part de Lucas. Il m'attrapa le bras de manière brusque et soudaine afin de m'attirer vers lui.

- Lucas ?!

« Laena je… »

- Tu "quoi" ? lui demandai-je devant son hésitation, hésitant moi-même sur la façon dont je devais réagir.

« Je suis…Je t’aime
Laena,…depuis toujours. Je ne rêve que d’une chose c’est de voir
disparaître ce salaud de Jonathan pour ne t’avoir rien que pour moi… »

Je restai soufflée devant sa déclaration si soudaine et inattendue. Pourquoi me disait-il cela maintenant ? Et de cette manière ? Que lui prenait-il ? Était-il tombé sur la tête ??

- E... écoute Lucas... commençai-je sans grande conviction. Je ne sais pas ce que tu as fait dans la forêt, mais tu es effrayant là...

Je me détachai de ses bras. C'était bien beau, de m'avouer qu'il m'aimait. Mais je ne pensais pas partager ses sentiments... Cependant, je ne voulais pas le blesser...

A mon grand soulagement,…ou désespoir…Laena se dégagea de mon emprise, plus étonnée qu’autre chose par ma déclaration quelque peu étrange. D’ailleurs, elle me le fit gentiment remarquer. D’après ses dires, j’aurais disparu près d’une heure, et je revenais avec un comportement inhabituel. Tout ca, j’en étais conscient, mais ce n’est pas ce simple fait qui arrangeait les choses…

« Effrayant ? Je ne veux pas te faire peur, tout ce que je veux c’est que tu accepte mes sentiments…Ne me rejette pas s’il te plait, je vaux bien mieux que ce Jonathan… Avec moi tu n’aura plus de problèmes, plus de peines… »

Je me faisais peur à moi-même pour être honnête. Comment ce faisait-il que je dévoile tout d’un seul coup, cartes sur tables, sans même pouvoir me contrôler ? Comme j’étais partit là, j’étais plus partit pour la fuir que pour la faire tomber dans mes bras…et bizarrement ce sentiment de rejet n’annonçait rien de bon. Mais que c’était-il donc passé pendant mon absence…dans tout les sens du terme ? Je l’attrapais de nouveau, mais aux épaules cette fois, de façon à la maintenir face à moi. Je n’y comprenais plus rien. Je ressentais un mélange de passion incontrôlée, de folie…et de violence, sentiments qui m’étaient normalement inconnus.
J’avais beau me forcer à me taire et à reculer, plus rien ne réagissais. Et je continuais à débiter des co***** sans retenue…

« Rien ne nous empêche de nous enfuir tout les deux. Il à des tas d’endroits où il ne nous retrouverait pas de si tôt et où on pourrait vivre tranquille… »

Le pire dans l'histoire, c'était qu'il continuait sur cette voie. Il continuait à me dire que je devais accepter ses sentiments sans le rejeter. Il allait même jusqu'à affirmer qu'il était meilleur que Jonathan... Qu'avec lui je n'aurais plus ni problèmes, ni peines...

- Lucas, je sais que Jo n'est pas toujours un ange, mais ne le descend pas pour autant ! Je... c'est lui que j'aime...

Cette fois-ci, au lieu d'attraper mon bras, il posa ses deux mains sur mes épaules et me maintint face à lui. Il semblait presque perdu... J'étais vraiment inquiète quant à ce qui lui était arrivé. Il ne disait tout de même pas ça de son plein gré, non ? Avais-je tort ? Je pensais pourtant le connaître, et jamais je n'aurais imaginé ça !

« Rien ne nous
empêche de nous enfuir tous les deux. Il y a des tas d’endroits où il ne
nous retrouverait pas de si tôt et où on pourrait vivre tranquille… »

A cet instant, je pus presque entendre Jonathan parler avec lui. Il pensait la même chose : un endroit où personne ne pourrait nous trouver et où on pourrait vivre tranquillement... Cet endroit était cependant connu, du côté de Jo : c'était son Palais...

- Lucas, s'il te plait, tais-toi. Tu... tu ne sais plus ce que tu dis ! Arrêtons là cette discussion qui n'a ni queue ni tête !

Une nouvelle fois, je me dégageais de son emprise et m'écartai de lui pour éviter un nouvel assaut de ce genre.

Laena m’affirma qu’elle aimait Jo, malgré ce que je pouvais en dire. Si j’avais été moi-même, déjà je n’aurai pas commencé cette discutions qui, comme elle le disait, n’avait ni queue ni tête, et surtout j’étais déjà au courant de ses sentiments pour Jo, peu importe ce que je pouvais dire ou faire pour lui ouvrir les yeux sur sa vrai nature. Et cela étais valable pour tout son entourage. Mais là, ces paroles étaient loin de m’arrêtées, et elles ne faisaient même qu’aggravées les choses. Elle se dégagea une nouvelle fois de mon emprise, et ce fut une fois de trop. Cette fois, ne lui laissant pas le temps de s’éloignée, je l’envoyai d’un geste vif contre un arbre afin qu’elle ne puis plus s’échapper. Je m’écriais alors d’une voix qui ne me ressemblait pas, c’est-à-dire vexée et énervée…

« Je sais très bien ce que je dit ! »

Et c’est là tout le problème…puisque je sais ce que je dis mais que je ne veux pas le dire !

« Pourquoi ne veux-tu pas me croire ? »

Ce qui en soit est une très bonne chose, mais dangereuse. Le sentiment de violence prenait peu à peu le dessus, et dans mon état, j’aurai été capable du pire que je n’aurai même pas le temps de réagir de façon vraiment consciente.

« Je n’accepterais pas que tu retourne vers lui. Ce n’est pas un homme pour toi…ni pour personne d’ailleurs. Tu mérite mieux que lui. »

Alors là, j’étais limite égocentrique vu le sous entendu…et cela me confirmait que j’avais un gros problème auquel mon absence ne devait pas être étrangère…

Contre toute attente, le Lucas si gentil que je connaissais me poussa contre un arbre pour me bloquer. De cette façon, je n'avais plus de chemin de fuite possible... Et il commença à crier. J'étais déconcertée par son comportement si peu habituel.

Je ne veux pas te croire parce que tu n'es pas dans ton état normal ! Tu ne ferais jamais ça en temps normal... Je ne sais vraiment pas ce que tu as fait dans la forêt mais je sais que tu me fais peur, là. Alors arrête, s'il te plait ! Ça suffit !

Violent... Voilà ce qui le caractérisait en ce moment. Il l'était tant dans ses gestes démesurés que dans ses paroles tranchantes comme des couteaux.

Je l'aime, que tu le veuilles ou non ! criai-je à mon tour. J'en ai assez que vous le rejetiez tous de cette manière, et ce depuis que je le connais ! Ca a toujours été "ne t'approche pas de lui", "arrête de le voir", "n'accepte jamais rien de sa part", "oublie-le, il ne t'apportera que des ennuis",... Quand allez-vous enfin admettre que je l'aime, et je ne peux rien faire contre ce sentiment !

Je ressentis des larmes aux bords de mes paupières devant cette injustice constante, mais je les refoulai aussitôt.

Si tu dis la vérité lorsque tu parles de m'aimer, tu dois savoir ce que je ressens...

Laena me demanda une nouvelle fois d’arrêter, me disant que je lui faisais peur. Pour être honnête, je me faisais peur à moi-même actuellement…mais je ne bougeais pas pour autant.
Elle se mit alors à crier à son tour, disant qu’elle l’aimait quoi qu’on puisse en dire, et qu’elle en avait assez qu’on le rejète ainsi, les empêchant par tous les moyens de s’aimer en paix. Je ne pus retenir un sourire dédaigneux avant d’enchainer après elle.

« Tu nous demande d’admettre que tu « aime » ce monstre ? Désoler, mais c’est trop nous demander…c’est trop me demander. Que t’apporte-t-il à part de la souffrance ? Y a tu déjà réfléchis ? »

Elle ajouta que si je l’aimais vraiment comme je le disais, je devais la comprendre. Je la fusillais alors du regard.

« Non je ne comprend pas. Je ne comprends pas comment on peut aimer un… »

Je fis une pause en pleine phrase, cherchant mes mots, avant de soupirer.

« Il n’est même pas digne d’être qualifier d’homme ! »

Laena était sur le point de pleurée. Je résistais contre une envie de l’emmenée de force loin de ces lieux où elle était sans cesse en danger à cause de lui. Je la maintenais toujours contre l’arbre, la fixant du regard alors qu’au fond de moi je ne demandais qu’une chose, me taper la tête contre l’arbre en question afin de reprendre mes esprits.

[Je croix que c’est le bon moment pour faire intervenir l’inviter surprise parcque je suis un rien à court d’idée ^^’ lol]

Il eut un sourire dédaigneux alors que je lui demandais de me laisser aimer qui je voulais. Non, ce n'était pas le Lucas que je connaissais... Il n'aurait jamais eu une telle réaction ! Certes, il n'aimait pas Jonathan, mais pas au point de rire de mes sentiments de cette manière ! Et puis, il l'appela "monstre"... Il me dit que Jo ne m'apportait que de la souffrance !

Si j'y ai réfléchi ?! Bien sûr, que j'y ai réfléchi ! Et même si je n'adhère pas toujours à son comportement... eh bien ça ne fait rien ! Je souffre bien plus encore lorsque je suis loin de lui trop longtemps... Et ça, je ne peux pas m'en empêcher. Ni toi, ni personne d'autre ne pourra rien y changer !

Il soupira alors avant de laisser tomber le couperet : pour lui, Jonathan n'était pas simplement un monstre, il n'était même pas un homme... Vous pouvez penser que j'exagère... Mais entendre dire ce genre de choses de l'homme que j'aime, c'est certainement plus que je ne pourrais et pouvais en supporter !

Si tu penses vraiment que Jonathan n'est pas un homme, alors regarde-toi ! Tu ne sais même pas qui tu es, ni d'où tu viens ! Te crois-tu plus homme que lui ? Es-tu prétentieux à ce point ? Tout le monde a ses bons et ses mauvais côtés, même lui, même toi !! Te crois-tu plus digne que lui d'être ce que tu es, Lucas ? La vérité, c'est que tu n'en sais rien ! Personne n'en sait rien... Mais vous êtes pareils, au final... Vous êtes tous pareils ! Vous voulez tous m'empêcher de faire ce que je veux !

Je ne supportais plus de rester coincée à cet arbre, de devoir subir ce regard dédaigneux et cette haine qui émanait de tout son être. Avec une certaine force sans doute décuplée par une dose de désespoir, je réussis à repousser Lucas. Je m'extirpai de cette prison naturelle et m'enfonçai dans le bois, peu importait le danger que cela représentait...

Laena trouva encore à redire à mes paroles, disant que personne ne pouvais rien contre ses sentiments. Mais elle ne s’arrêta pas là, continuant sur sa lancée, et s’attaquant directement à moi. Elle me demanda en quoi j’étais plus digne que lui d’être un homme, ne sachant même pas qui j’étais ni d’où je venais. La suite m’échappa quelque peu. Même si rien ne paraissais sur mon visage, je ressentais tout à fait l’impacte de ses paroles. J’en restais bouche-bé. Mais malgré cela, je trouvais encore à redire. Je maudis de toute mon âme pour oser encore en rajouter. Nous en avions pris assez tout les deux, alors pourquoi continuais-je ?

« Le problème vois-tu c’est qu’il n’a que des mauvais côtés, mais qu’il sait bien les dissimuler. »

La princesse réussis à me poussée, s’en doute poussée par le désespoir, et s’enfonça dans la forêt. Intérieurement, je ne voulais pas la suivre. Même si je l’avais cherché, je lui en voulais de ses paroles, tout comme elle devait m’en vouloir des miennes, et surtout je ne voulais pas aggravé les choses. Mais une fois encore, mon corps ne m’écouta pas et je ne tardais à me retrouver face à elle pour lui coller une bonne gifle. C’était ce que je redoutais. Je hurlais des excuses, tentant de m’expliquer, mais pas un son ne franchissait mes lèvres. Ou plutôt si, mais pas ceux que je voulais.

« As-tu déjà oublié ce qu’ils m’a fait subir ? Et ce qu’il t’a fait faire ? As-tu déjà oublié la façon dont il te séquestre ? »

Cette fois, je n’y plus du tout en douceur. En fait, je me demandais si ce comportement n’avait pas plus pour but de semer la discorde plutôt que de nous « réunir pour la vie… »
En tout cas une chose était sur, c’est que comme c’étais partit là, si je ne reprenais pas très vite le contrôle de moi-même, ca finirais mal, et je n’étais pas sur d’en sortir indemne non plus. Non seulement elle avait réveillé un sujet sensible à mon propos, qui m’avais souvent empêché de dormir,…mais surtout je ne savais pas comment je pourrais m’excuser après ca. L’excuse du « Je n’étais pas moi-même » me semblais difficile à avalée…même si c’était flagrant… Et puis honnêtement, ce que je disais dans mon actuelle n’était que mes pensées profondes, que je croyais refoulée à jamais, m’étant résigné à la situation instable qui régnait sur le pays suite à la mort de la reine.

Il réussit à me rattraper et me gifla au visage. Je posai ma main sur ma joue douloureuse qui me semblait plus chaude que la normal. Elle était aussi bien plus rouge, mais je ne le voyais même pas. Je le regardais d'un air de reproche, non pas tant pour ce geste, mais pour ses paroles qu'il continuait à débiter, descendant Jonathan plus bas que terre à chaque fois.

Il n'a pas que des mauvais côtés ! Il en a aussi des bons, et plus que tu ne le crois ! Arrête de dire du mal de lui !

« As-tu déjà oublié ce qu’il m’a fait subir ? Et ce qu’il t’a fait faire ? As-tu déjà oublié la façon dont il te séquestre ? »

Je n'avais pas besoin de son rappel pour ça. Je me souvenais très bien de ce qu'il m'avait fait faire, même si Lucas l'ignorait, lui ! Je ne le lui avais pas dit, il ne le savait pas. Seul Leldi était au courant... Mon jumeau savait, il savait que c'était de ma main qu'était morte notre mère... Mais Lucas ne savait rien ! Personne ne le savait... Je n'osais pas le révéler, j'avais tellement honte de moi, je me haïssais pour ce geste ! Et même si Jonathan m'y avait poussée, ce n'était pas lui qui avait enfoncé le couteau dans son coeur, transperçant son corps déjà si affaibli. C'était moi qui lui avais infligé le coup de grâce, le coup fatal... Peu m'importait qu'il me séquestre, face à ce que j'avais fait... Et ce que Lucas avait subi n'était rien comparé à ça ! Elle était morte, elle n'était plus là... Je l'aimais tellement !

Il m'avait fait y repenser. La scène avait défilé une nouvelle fois devant mes yeux. Elle était à nouveau morte devant moi, par ma main... Et mes larmes étaient elles bien réelles, en cet instant. Elles n'étaient pas qu'un simple souvenir, elles étaient là, ressurgissant et me prenant en traitre. Ces larmes qui avaient déjà tant coulé, ces larmes versées pour elle par une fille qui n'était plus digne d'être la sienne !

Arrête... Tais-toi... Tu ne sais pas ! Tu ne sais rien !!! Tu ne sais pas ce qu'il m'a fait faire... Tu n'en as aucune idée...

La princesse me jeta un regard plein de reproches suite à mon geste. Elle continuait de défendre Jonathan, se voilant face à la réalité. Mais ce qui la toucha le plus, ce fut mes dernières paroles. Elle sembla alors se perdre un moment dans ses pensées. Des larmes commencèrent à couler le long de sa joue rougie par le coup. Après quelques seconds silences, elle me demanda de me taire, disant que je ne savais rien de ce qu’il avait fait. J’eu un petit rire remplit de sarcasme.

« J’en sais bien plus que tu ne le crois figure toi. J’ai eu l’honneur d’assister à la scène comme si j’y étais. »

En effet, Nicolas avais prit un malin plaisir à me torturer de la sorte, usant également de la carte « seul au monde et sans passé » afin de me faire souffrir. Il m’avait montré la scène des fiançailles de Laena comme si j’avais été présent. Je l’avais vue le poignard à la main, ensanglantée, les larmes abondants sur ses joues, comme aujourd’hui. Je ne lui avais rien dit malgré le choc que cela m’avas fait. En même temps, je n’avais jamais voulu y croire. Pour moi, tout cela n’était qu’une mise en scène montée de toutes pièces. Mais là, étrangement, tout me semblait claire,…et bien réelle.

« Au début je ne voulais pas y croire, j’avais confiance en toi. Maintenant je sais que ca s’est bien passé, mais je suis également certain que ce geste étais guidé. C’est lui qui t’y a forcé et tu le sais ! »

Mais qu’on me fasse taire bon sang ! Voilà que j’usais des mêmes stratagèmes ignobles que celui qui m’insupportait. Si mon intention était de faire souffrir la princesse et de la faire culpabiliser, j’avais réussi mon coup à merveille, et même au delà des espérances…
Pourrait-elle seulement me pardonner après ca ?

« J’en sais bien plus que tu ne le crois figure toi. J’ai eu l’honneur d’assister à la scène comme si j’y étais. »

Je me stoppai dans mon élan et le fixai, horrifiée. Disait-il cela pour me déstabiliser ? Ou le savait-il réellement ? Avait-il assisté à la scène ? ... C'était impossible ! Je ne comprenais pas comment cela aurait pu se faire... Et pourquoi ne pas me l'avoir dit ?

Tu... tu mens... Ce n'est pas possible...

J'étais assez choquée par ses paroles. Tellement de personnes avaient assisté à ce meurtre sans bouger le petit doigt pour l'empêcher ! S'il était là, s'il l'avait vue, pourquoi ne rien avoir fait ? Pourquoi ne pas s'être jeté sur moi pour m'ôter cette arme de la main ?

Si tu dis vrai... Si tu étais là... Pourquoi m'as-tu laissée faire ? Pourquoi n'avoir rien fait pour m'arrêter ?

Je ne comprenais pas. Je ne comprenais vraiment pas. Pourtant, j'essayais. Je tentais d'analyser ses paroles, mais j'avais dû mal, dans l'état d'esprit dans lequel il m'avait mise !

Il m'a bien mis ce poignard dans la main, mais c'est cette main, la mienne, qui l'a dirigé vers ma propre mère, celle qui m'a donné naissance, celle qui m'a offert la vie... C'est moi qui l'ai tuée ! Je suis un assassin !!!

Mes larmes redoublèrent d'intensité. J'avais dit tout haut ce que je pensais tout bas. Je lui avais craché à la figure ce que j'étais, moi qui tentais veinement de le cacher...

Voilà, je l'ai dit ! Tu es content ? Tu as eu ce que tu attendais ? Ou tu as encore un sarcasme à me sortir ??

Elle se stoppa en plein élan lorsque je lui dis que j’avais assisté à la scène. Elle était à la fois choquée et semblait perdue. Elle me demanda pourquoi je n’avais rien fait si j’avais vraiment été là. Je répondis en serrant les dents.

« J’ai dit que j’y avais assisté COMME si j’étais, pas que j’y étais… »

Repenser à cela ne me faisais certes pas autant de mal qu’à elle, mais ce n’était pas pour autant agréable. La princesse se libéra alors complètement de son fardeau, me jetant à la figure ce que je ne voulais pas voire non plus, hurlant qu’elle était un assassin qui avait tué sa propre mère. Une fois encore, rien ne paru, mais intérieurement je bouillonnais, à la fois de rage, d’impuissance et de honte face à ce que je lui faisais subir. Je ne sais pas ce que l’on m’avait fait, ni qui, mais une chose était sur, c’est qu’il ne m’avait pas raté. Elle fini avec rage en me demandant si j’avais encore un sarcasme à ajouter. Evidement, je pu m’en empêcher.

« Je peu t’en sortir plein si tu veux, du moment que tu ouvre les yeux. Il t’a manipulée, jusqu’à te faire commettre un meurtre, et celui de ta mère qui plus est, et tu ose encore dire que tu l’aime ?! »

Je lui attrapai le poignet, celui qui avais jadis tenu l’arme, et le secouai un peu plus fort que je ne l’aurai voulu…ou plutôt trop fort tout court.

« C’est peut-être cette main qui à commis la faute, mais ce n’est pas toi qui la guidais. Il t’a utilisé comme un simple pantin, usant de je ne sais qu’elle magie pour te contrôlée,…et tu pourras dire ce que tu voudras, je suis persuader que ca s’est passé comme ca. »

Ca au moins, ce n’était pas faux. Mais quelque chose clochait. Si j’étais manipulée également,…et surement par un sbire de Jo, qui d’autre ? Pourquoi m’acharnais-je tant à le descendre en flèche devant elle au lieu de louer ses « bienfaits » et toutes les bonnes choses qu’il pourrait lui apportée ? J’eu un instant de reprise de confiance, m’étonnant de me voire tenir ainsi Laena, un air surpris traversant furtivement mon visage. Mais je replongeais bien vite loin de mon libre-arbitre si je puis dire, resserrant ma prise au passage.

« Entre vous deux, lequel est le monstre à ton avis ? Celui qui manipule pour tuer ou celui qui est manipulé pour tuer ? »

Comme s'il y était ? Comment avait-il fait ? Était-ce seulement possible ? Qui lui avait montré la scène ? Mais il avait l'air totalement indifférent à ce que je lui disais, comme si ce n'était rien, comme si c'était banal. Aucun sentiment ne transperçait dans ses yeux, si ce n'était de la colère mêlée à une lueur effrayante. Et il ajouta qu'il avait un tas de sarcasmes en réserve. Il avait vraiment décidé de me faire du mal, aujourd'hui !

Tu critiques Jonathan, tu dis qu'il me fait souffrir... Mais tu ne fais pas mieux, loin de là ! Réalises-tu seulement ce que tu dis ? Jo ne m'a jamais manipulée... Comment veux-tu qu'il le fasse ? Non, c'est moi qui l'ai fait, personne d'autre !

Il attrapa violemment mon poignet et c'était comme si celui-ci venait de se briser. La même douleur en tout cas me parcourut le bras, une douleur fulgurante et une brûlure insupportable. Je ne pus retenir un petit cri de douleur après cela. Mais quand on y réfléchissait, ce n'était pas plus mal. C'était cette main qui avais commis la faute... Je l'avais déjà lacérée jusqu'à ce que Jonathan m'empêche de continuer. J'avais voulu me l'arracher, en état de choc. Mais il ne m'en avait pas laissé l'occasion. Maintenant, c'était Lucas qui me punissait...

Je la guidais. Qui d'autre pourrait guider ma main sinon moi ? Je ne suis pas persuadée que c'est moi qui lui ai fait du mal, je le sais, simplement... Tout ce que tu diras ne me fera pas changer d'avis !

C'était comme s'il était en train de détruire tous les liens qu'il y avait entre nous, comme s'il le faisait exprès. Et ce n'était pas cette lueur furtive dans ses yeux, bien vite disparue, qui me ferait en douter.

De nous deux... le monstre c'est moi...

Laena ne comprenait pas comment Jonathan aurait pu la manipulée. C’est vrai que cela paraissait invraisemblable, mais je savais qu’il était capable de bien des choses…et je ne serais pas surpris qu’il soit capable de ca.
Elle me dit que je ne valais pas mieux que lui en ce qui s’agissait de la faire souffrir avant d’ajouter que c’était bien elle qui avait guidée sa main et de répondre à ma question par la mauvaise réponse.

De nous deux…le monstre c’est moi…

Je soupirais, relâchant son poignet.

« Ce que tu peux être bornée ! »

Je sortis alors mon épée, qui ne me quittait plus depuis l’embuscade lors d’une escapade avec la princesse, et lui tendis le pommeau.

« Si tu es vraiment un monstre comme tu le dit, prouve le moi. Si tu as pus tuer la personne qui t’a donné la vie, alors ça ne devrait pas causer de problème de me tuer aussi. »

Alors là, je ne jouais plus avec le feu, j’avais carrément sauté dedans… Ce n’était pas que j’avais peur qu’elle s’exécute, je l’en savais incapable quoi qu’elle dise, mais je n’en revenais pas d’avoir osé lui demander ça. C’était donc le but de toute cette mise en scène ? Je ne voyais que deux fins possibles : soit elle prenait l’épée, soit je risquais d’avoir bien du mal à la protégée puisqu’il y avait de grandes chances que je ne puisse plus jamais l’approchée…

Il soupira et libéra mon poignet, ajoutant que j'étais bornée. Oui, je l'étais ! Je savais bien que je l'avais toujours été, et je ne changerais pas de si tôt. Mais ça ne justifiait en rien cette discussion !
Il sortit soudain son épée et je crus un instant qu'il allait diriger la lame vers moi. Que lui prenait-il de me menacer de la sorte ?! Mais au lieu de cela, ce fut le pommeau qu'il me tendit, afin que je m'en saisisse. Je le fixai, déconcertée par son geste auquel je ne m'attendais pas.

« Si tu es vraiment un monstre comme tu le dis, prouve-le-moi. Si tu as pu tuer la personne qui t’a donné la vie, alors ça ne devrait pas causer de problème de me tuer aussi. »

Alors c'était là qu'il voulait en venir... Ne se rendait-il compte de rien ? Ne réalisait-il pas qu'il réagissait de la même façon que Jonathan ? Lui aussi me demandait de tuer une personne à laquelle je tenais, bon sang ! Y réfléchissait-il un instant ? Il me disait que Jo était un monstre, mais il faisait pareil !!

Lucas... Es-tu seulement conscient de ce que tu me demandes là ? Tais-toi, je ne le ferai jamais ! Tais-toi !! Une seule personne, c'est déjà bien trop !

Avait-il vraiment décidé de remuer le couteau dans la plaie jusqu'au bout, l'enfonçant plus encore chaque minute ?
D'un geste rapide, je frappai sa main pour qu'il lâche l'arme qu'il tenait. Je ne voulais pas qu'il la pointe de cette manière vers moi ! Je ne voulais pas la prendre !

S'il te plait, laisse-moi tranquille... Va-t-en...

Je ne voulais plus le voir tant qu'il était dans cet état. Je voulais être seule, sans lui, sans ces images qu'il imprimait dans ma tête et celles qu'il faisait ressurgir !

A mon grand soulagement, mais pas pour autant a ma grande surprise, Laena refusa de prendre l’épée. Elle me demanda de ma taire et de la laisser tranquille, ajoutant qu’elle ne ferait jamais ca. Elle me demanda également si j’étais conscient de se que je lui demandais.
Malheureusement, je l’étais oui.
La princesse tenta de me faire lâcher l’arme en me frappant la main avec force. La chose la plus intelligente à faire aurait été de laisser tomber l’épée sans la retenir, au risque de se blesser vu la façon dont je la tenais, mais en ce moment j’étais loin d’être intelligent, aussi la retins-je, me coupant au passage. Je fis une petite grimace et changeais l’arme de main afin de voire l’étendue des dégâts. Heureusement, ce n’était qu’une petite coupure. Ca saignait juste un peu fort.

« Tu vois Laena, tu n’es pas un monstre. Tu n’étais juste pas consciente de se que tu faisais…Tu n’es pas capable de tuer. »

J’avais répondu calmement, fixant ma main en sang un moment avant de lever les yeux vers elle. Je serais partit avec plaisir, puisqu’elle me le demandait, mais je restais sur place, la main poissée de sang à hauteur du ventre et l’épée pendante dans l’autre.

« Et je n’ai pas l’intention de partir… »

Il rattrapa son épée et se blessa à la main, comme un idiot ! Pourquoi ne l'avait-il pas simplement lâchée ?!

Tu es devenu fou ?

Ma question était totalement idiote, elle aussi. Depuis au moins vingt minutes il n'était pas lui-même, alors pourquoi lui demander s'il était devenu fou ?! Ca n'avait aucun sens. Tout ceci n'avait aucun sens !

Si, je suis un monstre ! Tu as beau dire le contraire, j'ai tué ma mère ! Je ne peux pas revenir en arrière !! Ce qui est fait est fait, Lucas...

Je détestais la vue du sang, je ne la supportais pas ! Et encore moins depuis que mes mains en avaient été couvertes ! Je ne pus m'empêcher de détourner les yeux. J'aurais voulu me jeter sur lui pour le soigner, tout en n'ayant pas la force de le faire. Je voulais simplement qu'il s'en aille, qu'il me laisse seule ! Je ne demandais pourtant pas le diable ! Mais il refusait de partir, disant qu'il n'en avait pas l'intention.

Lucas... Pourquoi ? Pourquoi es-tu comme ça ?

Laena me demanda si j’étais devenu fou. C’était une possibilité, et j’avoue m’être également posé la question. Mais je ne répondis rien, me contentant d’un petit sourire remplit de sous-entendu. De fait, ca ressemblait fort à de la folie…
Elle continua à insister sur le fait que, quoi que je dise ou fasse, elle avait tué sa mère, et était donc un monstre. Elle détourna le regard devant le sang. Je savais qu’elle n’en supportait pas la vue, et ce depuis toujours. Elle me demanda alors pourquoi j’étais comme ca. Même si je le savais, je n’aurais pas pu lui dire.

« Et toi, pourquoi te fais-tu du mal en t’obstinant à croire que tu l’as tué volontairement ? »

Je remis l’épée dans son fourreau sans même l’essuyée et refermait le poing, encaissant la douleur qui me traversa le bras.

« On ne peu pas revenir en arrière c’est vrai, et c’est bien dommage car je l’aurai bien fait aussi, histoire de voire qui je suis comme tu l’a si bien dit. »

Je fis une pause, laissant peser les mots un instant avant de reprendre.

« Je suis sur que tu ne sais pas toi-même ce qu’il s’est exactement passer… »

Il répondit à ma question par un sourire effrayant ! Il était vraiment fou, ma parole...

« Et toi, pourquoi te fais-tu du mal en t’obstinant à croire que tu l’as tué volontairement ? »

Je ne l'ai pas tuée volontairement ! Tu déformes mes paroles ! Je n'aurais jamais pu faire une chose pareille... Ce n'était pas volontaire, mais le fait est que j'en suis venue à enfoncer ce poignard dans son cœur...

Il rangea son épée dans son fourreau, ce qui me rassura. Au moins, il n'y avait plus cette arme entre-nous. Et il referma le poing, ce qui éloigna un peu de ma vue ce sang qui la maculait.
Il revenait avec mes précédentes paroles, que j'avais criées pour tenter de le faire taire, le faire stopper dans son attitude blessante ! Il ajouta ensuite que je ne savais pas ce qu'il s'était exactement passé, celui-lui. Le pire, c'était qu'il avait raison ! Je ne me souvenais pas de l'avoir fait... Je refusais d'en arriver là... Et puis, le trou noir, jusqu'à ce que je découvre son corps gisant au sol, sans vie. A cet instant, je tenais le poignard entre mes doigts et j'étais couverte de sang...

Toi non plus, tu ne le sais pas. Tu n'y étais pas... Ils étaient tous témoins, ils m'ont tous vue faire ce geste ! Parce que je l'ai fait... Et même si je ne m'en souviens pas, même si je ne me rappelle pas l'avoir fait, c'est bien le cas. Même s'ils disaient le contraire, je sais au plus profond de moi que je l'ai fait, et rien ni personne ne pourra effacer cette atroce certitude...

C'était dit. Je lui avais révélé que j'en étais certaine, quoi qu'il en dise, quoi que j'en pense... Même si je voulais m'enlever cette idée de la tête, quelque chose de plus fort que moi m'affirmait que j'avais moi-même commis cette ignominie.

Laena s’obstina encore plus, insistant sur le fait qu’elle ne l’avait peut-être pas tuée volontairement, mais qu’elle avait tué quand même, et ce devant des centaines de témoins.
Je savais que je devais me ranger à ses arguments et me contenter de la calmée, de la réconfortée comme je le pouvais, mais ce fut tout le contraire. Je sentais un violente rage monter en moi, et ce sans raisons valables. Je répondis en serrant les dents, sur un ton sec.

« Il a très bien pus te graver cette sensation en toi, montant cette mise en scène pour te faire croire que tu l’a belle et bien tuée. Et ces témoins dont tu parle, tu pense vraiment qu’ils t’auraient regardé faire sans rien dire s’ils n’étaient pas dresser contre leur gré comme des gentils toutous bien obéissant ? Et si c’est vraiment toi qui a fait ce…geste, tu ne te souviens de rien, alors qui te dit qu’il ne pas manipulé ? Tu dis ne pas l’avoir tuée volontairement, mais alors comment cela aurait-il pu se produire sinon qu’il guidait ton geste ? »

Je m’y perdais moi-même dans ces paroles incohérentes.

« Pourquoi ne veux-tu pas accepter qu’il t’as simplement forcé en s’appropriant ton esprit et tes gestes ? »

Ce qui serait une explication plausible à mon état également…

« Tu as dit refuser de me tuer tout à l’heure, alors pourquoi l’aurai tu tuée elle qui était beaucoup précieuse à tes yeux ? »

Je ne comprenais plus rien. Je ne voyais pas où cette histoire devait aboutire. Je passais d’un sujet à un autre, essayant de convaincre la princesse que l’homme qu’elle aimait était bel et bien un monstre, alors que j’étais persuadé que mon état devait lui être lié de près…Mon esprit s’embrouillais et je commençais à perdre conscience de mes gestes et paroles. Même si je ne pouvais pas les contrôler, je préférais savoir ce que je faisais et disais…mais tout ce mélangait…

Lucas, arrêtons-nous là... Je ne veux tuer personne, ni elle, ni toi, parce que vous êtes aussi importants à mes yeux l'un que l'autre. Tu es mon ami, je ne te voudrai jamais aucun mal... Alors s'il te plait, cessons là cette conversation qui n'a plus sa place entre nous...

Lucas...

- Tu vas encore continuer longtemps à enfoncer le couteau dans la plaie ? Elle n'a pas déjà assez souffert de ce crime à tes yeux ?

Je ne t'aimais déjà pas tellement, mais là je peux affirmer que tu me dégoutes... Je ne te croyais pas capable d'une telle ignominie !

Laena me supplia d’arrêter là cette conversation sans queue ni tête. Elle semblait désespérée, ne sachant plus quoi faire face à moi. Soudain, une voix derrière moi fit courir un frisson dans tout mon corps. D’où est-ce qu’il sortait celui-là ? Je me retournais lentement, le fusillant du regard,…chose que j’aurai faite même de mon plein gré. Leldi ce tenait face à nous, me fixant avec mépris. Il marqua un point n’empêche… On ne s’aimait pas beaucoup, et ce pour des raisons différentes, mais en ce moment je lui donnais une bonne raison de ne vraiment pas m’aimer…Mais une chose me frappa plus que cela, il était lui aussi au courant. Il savait ce qu’elle avait fait.

« J’essaye juste de lui faire comprendre qu’elle n’y ai pour rien. Tu es tout aussi conscient de ce don est capable Jonathan, alors tu devrais le savoir aussi. »

Son arrivée ne faisait qu’empirer les choses. Je n’enrageais plus seulement sous le contrôle de…cette chose qui avait pris possession de mon corps, je me sentais également en colère au pus profond de moi. Je me sentais honteux de réagir ainsi devant lui. Jamais je n’aurai fait de mal à Laena, et je ne lui en ferais jamais…si j’étais moi-même. La princesse pourrait peut-être le comprendre si je lui expliquais, même si cela demanderait surement des années…voire plus, mais lui ne me le pardonnerait jamais, et je n’avais pas besoin de cette haine supplémentaire sur le dos. Qu’il ne m’aime pas sans raison, passe encore, mais je venais de lui en donner une plus que bonne, et ca, je ne me le pardonnerais pas.

« Qu’est-ce que tu vient faire ici ? »

En temps normale, j’aurai plutôt été sec, mais là, ma vois était calme, ne concordant pas avec le sentiment de plus en plus sombre qui bouillait en moi. Les choses prenaient une nouvelle tournure, qui promettait d’être pire que la première…

« J’essaie juste de lui faire comprendre qu’elle n’y est pour rien. Tu es tout aussi conscient de ce dont est capable Jonathan, alors tu devrais le savoir aussi. »

Leldi le fixa avec appréhension. Oui, il le savait, ou du moins pensait le savoir. Mais ce n'était pas une raison pour martyriser sa sœur de cette façon ! Il n'avait jamais pu supporter cet avorton qui avait débarqué d'on ne sait où et qui se prenait pour mon garde du corps. Pourtant, malgré la tension qui se lisait entre eux, jamais ils ne s'étaient réellement disputés en ma présence. Je ne pensais pas que leur inimité était à ce point présente !
Lucas avait encore changé en apercevant Leldi qui approchait. L'atmosphère devint encore plus tendue. C'était vraiment différent de d'habitude ! Tout ça parce que Lucas était différent...

- Il y a des choses que tu ne peux savoir, Lucas, lui jeta-t-il à la figure avec un air dédaigneux. Je suis venu ici parce que j'ai senti que quelque chose n'allait pas. Et j'avais bien raison ! Je ne te savais pas capable d'agresser ma sœur... Et d'une façon aussi lâche encore moins... Pourquoi être venu te cacher dans ces bois pour en arriver là ? Tu avais peur ?

Il se tourna vers moi et son regard se radoucit aussitôt, alors qu'il aurait tué Lucas un millième de seconde plus tôt. Il me tendit la main, m'incitant à contourner ce dernier pour le rejoindre.

- Je vais te ramener moi-même au Palais, je ne te laisserai pas une minute de plus avec lui !

Reposant un instant mon regard sur Lucas, j'hésitai à rejoindre Leldi. Certes, le premier n'était pas dans son état normal et il ne faisait que me faire souffrir depuis bien une heure, mais justement parce qu'il n'était pas lui-même, je ne voulais pas l'abandonner de cette manière dans la forêt ! Je ne savais que faire. Je me sentirais en cet instant bien plus en sécurité près de mon jumeau, mais je ne pouvais pas quitter Lucas comme ça...

» Trouble [Suite du sujet "Illusion, ou Ensorcellement sanglant" : libre]