Insignifiant...

En plus d'être dérangeant pas le simple fait de sa présence, il se permettait des réflexions désobligeantes et purement sarcastiques, ce qui eut le don d'en agacer plus d'un, une nouvelle fois. Un autre garde, bien plus baraqué que le précédent, s'approcha de lui en sortant sa dague du fourreau attaché à sa ceinture.

Tu vois cela ? Eh bien si tu continues, tu aurais le loisir de profiter de vingt centimètres de métal dans l'estomac, ou bien encore entre tes côtes.

Le garde planta la dague d'un geste vif et puissant dans l'accoudoir du fauteuil, l'abîmant dans un grand fracas, près de la main de Lucas.
Il s'en retourna ensuite à ses affaires, mécontent. Mais Lucas revint à la charge en posant de nouvelles questions masquées. Cette fois-ci, Bastian fut le plus rapide. Il s'en approcha en intimant aux autres de continuer leur travail. Après tout, tout le monde savait ce qui arriverait s'ils n'avaient pas fini !

En effet, cet évènement n'est pas des moindres. Et cela ne sert à rien de chercher à nous dérouter, nous sommes faits pour résister à ce genre de provocation ! Nous préparerons tout dans les temps, que tu le veuilles ou non ! Je vois très bien ton petit jeu : tu essayes de nous distraire tout en tentant d'en savoir plus. Mais nous ne dirons rien, cela coûterait trop cher... Et nous ne nous laisserons pas détourner par un vulgaire parasite dans ton genre !

Les gardes commençaient à perdre patience. L’un deux vint jusqu’à me menacer d’un trou dans le ventre si je continuais ainsi. Je cru un moment que je m’étais à nouveau fait crucifier, mais j’y avais échappé. Bastian repris bien vite le relais, permettant aux autres de continuer tranquillement leurs affaires.
Il me fit bien comprendre qu’ils ne se laisseraient pas prendre à ce petit jeu, l’enjeux étant bien trop élever, et soit disant qu’ils avaient été fait pour résister à ce genre de provocation. Je regardais l’accoudoir abîmer par le coup du précédent garde avec un air innocent.

« Je ne vois absolument pas de quoi vous parler. Je veux juste converser un peu.
Par contre, je doute fort de votre résistance aux « provocations » comme vous dites… »

J’appuyais mes paroles d’un geste de la tête vers l’accoudoir. J’aurai pu m’amuser, à les faire tourner ainsi en bourrique, mais je redoutais à chaque mot les coups qui pouvaient suivre. Et puis je n’étais pas vraiment en position de m’amuser de quoi que se soit…

Il jeta un oeil à l'accoudoir abîmé par Huan. Il n'y était pas allé de main morte celui-là ! Cependant, l'air innocent de Lucas n'atteignit pas Bastian qui avait le don de ressentir ce que les personnes faisaient réellement. Il pressentait qu'il savait de quoi il parlait -pour l'air innocent, pas pour l'évènement !

Eh bien si tu veux converser, converse tout seul. Nous sommes occupés si tu ne le vois pas.

Cependant, il continuait de provoquer les gardes. Mais étrangement, plus aucun d'eux ne réagit. Huan affichait un sourire en coin et son agressivité n'était plus présente que dans l'aura qu'il dégageait.

Tu ne devrais pas douter de la sorte...

Bastian s'approcha et se pencha au-dessus de lui, fixant son regard dans celui du prisonnier, d'un air d'intensité inégalable.

Nous sommes la création de notre prince. Nous ne possédons peut-être pas sa perfection, mais il a fait en sorte que nous nous en rapprochions sans pour autant lui faire de l'ombre !

Il arracha d'un coup sec la dague sans quitter Lucas des yeux. Puis, après encore quelques instants où, même s'ils ne s'étaient pas arrêtés de travailler, l'on pouvait sentir qu'il prêtait une étrange attention à la scène, Bastian se redressa comme si de rien n'était, ne posant plus un regard sur le jeune homme.

Bastian me conseilla de parler tout seul. Je me retins de rigoler. Est-ce qu’ils réagiraient si je me mettais à chanter ?
Les autres gardes ne faisaient plus attention à nous,…ou du moins en apparences.
Soudain, Bastian se pencha vers moi en me disant que je ne devais pas douter ainsi d’eux, soit disant qu’ils avaient été créés par le prince lui-même, de façon à lui ressembler tout en restant ses gentils toutous. Il se pencha sur moi et vrilla son regard dans le mieux. Je le soutins, un sourire retenu au coin des lèvres. Il arracha la dague et se redressa. Il était temps, car je commençais à avoir du mal à soutenir sont regard perçant. Toujours en souriant, je jetais un coup d’œil aux autres gardes, qui n’avaient même pas levé la tête de leurs affaires. Après un moment de fausse observation, je repris la parole, quitte à parler tout seul…

« Je dois avouer qu’il vous à bien réussi. Enfin, pour ce qui est du fait que vous ne risquez pas de lui faire de l’ombre. Il vous a bien dressé à ce que je vois. Par contre, je ne me vanterais pas du fait qu’il vous est fait aussi…salaud que lui… »

Là, j’avais fait fort. Mais bon, s’ils étaient aussi résistants aux menaces qu’ils le disaient, ils ne devraient pas réagir. Ou alors, j’avais raison de dire qu’ils se surestimaient…
En tout cas, leur façon de parler de Jo me dégoutait. A les entendre, il était LE dieu tout puissant.