Balade anodine, ou presque...

[~> Suite de Simple Balade, La Cité]

Suivant le chemin traversant les bois, nous avançâmes quelques temps au trot. Après un moment, il se tourna soudainement vers moi avec un je-ne-sais-quoi dans le regard. J'analysai cela comme un défi, surtout lorsqu'il talonna son cheval pour que ce dernier accélère. J'hésitai en effet à le suivre, ne voulant pas trop pousser Snow alors qu'elle était restée aux écuries durant un long moment. Cependant, après quelques minutes, je me décidai à le suivre dans son élan et son envie de vitesse.

Nous arrivâmes bientôt en vue de la plaine, à cette allure (enfin, après deux bonnes heures à toutes vitesses, mais le temps passait vite !) Je ne le rattrapais toujours pas, il ne me laissait pas gagner ! C'était amusant, car Leldi faisait exprès de perdre une fois sur deux, lorsque nous étions enfants, pour me faire plaisir. Mais ce qu'il ne savait pas, c'était que j'aurais voulu gagner par mes propres moyens et que je n'étais que très rarement mauvaise joueuse. Heureusement que Lucas le savait, il l'avait comme senti, puisque je ne le lui avais jamais révélé de vive-voix.

La brise était fraiche et caressait ma peau avec douceur, malgré la vitesse. Snow galopait avec grâce et je n'étais pas trop ballotée, car elle me connaissait tout comme je la connaissais.
Il longea le ruisseau avant de revenir en arrière. Je ralentis l'allure tandis qu'il arrivait près de moi, me gratifiant d'un beau sourire, qui provoqua le mien.

"Si, une excellente idée ! Je n'ai jamais dit le contraire..."

Quoique si, je l'avais dit durant un instant, car j'avais peur de ce qui aurait pu arriver. Mais maintenant que j'étais là, je me sentais bien. L'air me faisait presque tourner la tête tant il m'avait manqué.

"Merci !"

Je fis avancer Snow de quelques pas et sautai à terre avec une effusion de rires cristallins.

"Le premier arrivé au ruisseau a gagné ! Le dernier arrivé à un gage !"

Je courus en manquant plusieurs fois de déraper sur l'herbe légèrement humide, mais gardai mon équilibre.

A peine arrivés au ruisseau, Laena mit pied à terre avec un éclat de rire qui m'avait tant manqué.
Elle se mit à courir vers l'eau en me défiant d'un gage si je n'arrivais pas le premié. Je ris tout en descendant à mon tour de cheval. Je gratifiais celui-ci d'une tappe amicale sur l'encolure et suivis Laena dans sa course. Elle avait de l'avance, mais je n'eu pas trop de mal à la rattraper. Je ralentis une fois arrivé à son niveau, lui souris, et repris la course de plus belle. Je faillis d'ailleurs me trébucher sur une pierre, manquant ainsi de prendre un bain forcé. Je me retournais vers la princesse, fier de ma victoire, lorsque le sol se déroba sour mes pieds. J'atterris dans la flotte sans avoir compris ce qu'il m'arrivait. J'étais trempé jusqu'aux os, de la tête aux pieds. Je me sentis soudain horriblement ridicule, ce qui déclencha un fou rire.
Je me relevais pour glisser de nouveau sur une pierre. Apparament, je ne sortirais pas de si tôt de l'eau.
Entre temps, Laena m'avait rejoint, morte de rire également. Au moins, je la faisait rire. Et, heureusement pour moi, il n'y avaient que nous deux dans la prairie.
Laena me tendit la main pour m'aider à sortir, toujours en rigolant. J'essayer encore par mes propores moyens, mais, n'aillant toujours pas d'équilibre, je me resolu à accepter son aide. Je lui attrapais donc la main lorsqu'une idée lumineuse me traversa l'esprit. Je regardais la princesse avec un sourire en coin avant de la tirer vers moi, l'envoyant à son tour dans le ruisseau. Je ne pu me retenir de lui tirer la langue, tel un gamin, en signe de vengance accomplie.

"L'eau est-elle a votre gout?" demandai-je amusé.

La petite escadrille se planta devant les deux jeunes gens. Cela faisait plus d'une heure qu'elle les suivait, à l'affut d'un moment propice à un encerclement. Ce moment arriva enfin quand, tous les deux descendus de cheval, ils se retrouvèrent au fond du ruisseau, riant comme des enfants. Mais après tout, n'était-ce pas ce qu'ils étaient réellement ?
Le chef, endimanché dans une cape de couleur foncée, tout comme ses acolytes, s'avança en face de Lucas et de Laena. Il ôta la capuche qu'il avait sur la tête et dévoila son visage aux traits quasi parfaits. Ses cheveux châtains et ses yeux verts, traversés chacun d'une lueur rouge sang, n'étaient pas inconnus à la petite princesse. Il lui sourit. Un sourire de triomphe, de chasseur ayant coincé sa proie et s'apprêtant à lui sauter dessus. Un sourire carnassier, prêt à déchiqueter chaque parcelle de peau, prêt à en découdre s'il le fallait, sans peur et sans reproche, sans limite. Nicolas...

-Savez-vous le soucis que vous nous faites, princesse ? Cela fait des jours que nous vous cherchons. Son altesse princière, votre fiancé, s'inquiète pour votre personne, il aimerait tant vous revoir.

Le rang autour des proies se resserra indistinctement alors que le garde tournait ses yeux émeraudes rougeoyants vers Lucas.

-Voilà donc le fameux gardien. Enfin, soit-disant gardien ! Je m'étais attendu à quelque chose de plus... adulte ! Et plus sérieux, aussi. Un gamin tel que toi ne devrais pas pouvoir s'approcher de ma protégée. Je suis son nouveau garde du corps, alors à présent sa protection m'appartient. Tu n'as plus rien à faire ici, minus.

Suivant ses paroles, il attrapa son épée et pointa sa lame vers le visage de Lucas, effleurant le bout de son nez de sa pointe.

-Princesse, veuillez nous suivre à présent.

J'aidais la princesse à se relever lorsque nous nous retrouvâmes encerclés par une dizaine de soldats sortis d'on ne sait où. La surprise nous fit basculer de nouveau dans l'eau. Rageant intérieurement, je regardais nos assaillants un à un, cherchant une échapatoire.
Un homme s'avanca alors vers nous tout en retirant la capuche qui recouvrait son visage. Celui-ci affichait un sourire malsain, reflètant son désir permanant de mort. Il s'adressa à Laena avec un air faussement déçus, évoquant le prince Jonathan comme s'inquietant de celle-ci. Je serais les poings à la mention de ce prince de pacotille.
Le garde tourna alors son regard percant vers moi. Il prit plaisir à me montrer sa déception face à mon 'inconpétence', chose qui eu pour effet de me pester encore plus contre moi-même. Il était vrai que sur ce coup là je m'était cmporté comme un débutant...
Il m'annonca qu'il était désormait le nouveau gardien de Laena et que, en tant que tel, sa protection lui appartenait.
Depuis quand est-ce que la princesse appartenait à qui que se soit?!
Je voulu me lever dans un mouvement de rage, mais son épée me cloua sur place. Je me retrouvais comme un idiot, dans l'eau, avec une épée braquée en plein milieu de ma figure. Quelle humiliasion...
J'attrapais doucement la main de la princesse et la serrait.

"Tu n'espere quand même pas que je vais te laisser l'emporter sans rien faire?! Tu ne t'ai même pas présenter correctement."

Sur ces mots, l'épée du soldat se trouvant à côter du soit disant gardien s'envola vers le ciel. D'un mouvement rapide, j'écartais l'épée face à moi et attrapais l'autre.
Maintenant la princesse contre moi, je me tenais debout, face à Nicolas.

"Et puis franchement, dix contre deux, je me demande qui est le plus sérieux..."

Je me relevais avec l'aide de Lucas lorsqu'une horde de silhouettes encapuchonnées nous encercla. Nous retombâmes tous les deux dans l'eau, suite à la surprise, mais aussi à la peur qui s'installa dans mes entrailles. Je ressentis aussitôt l'étendue de ma bêtise qui avait été d'accepter la proposition de Lucas...

Aussitôt le voile levé, je reconnus sans peine mon soit-disant garde du corps, Nicolas. Jonathan lui avait assigné cette tâche depuis mon arrivée chez lui. Il ne m'avait dés lors plus quittée d'une semelle, excepté lorsque le prince était avec moi...

"Je... je suis désolée..." commençai-je aussitôt. Mais je me repris vite : peu importe le soucis que je leur causais, il était hors de question que je les suive ! Du moins, pas dans ces conditions...

Ce qui me rassura dans ses paroles -comme quoi, tout peut arriver- fut le fait qu'il mentionne l'inquiétude de Jo. Au moins, il allait bien, après le coup infligé par mon frère lors de l'attaque pour me libérer. J'en fus soulagée, même si la situation ne s'y prêtait guère.

Je sursautai alors qu'en un instant, il fut en train de menacer Lucas de son épée. Je ne m'attendais certes pas à un danger de la sorte. Parfois, je pouvais vraiment me montrer idiote, plus idiote encore qu'une enfant !

Lucas, m'ayant tout d'abord attrapé la main, fut plus prompt que moi à réagir face à cette menace. Usant de son pouvoir, il se saisit de l'arme d'un des soldats après avoir écarté celle de Nicolas. Je me levai avec lui, restant collée contre lui tandis qu'il passait un bras autour de mes épaules. Cette situation, due uniquement à mon inconscience, me paralysait. J'aurais voulu réagir, mais j'en étais incapable.

Les reflets des lames me rappelaient avec atrocité ce jour sombre où, guidée par une force étrange, j'avais porté le coup fatal à celle qui avait toujours été là pour moi... C'était à peine si je ne voyais pas déjà jaillir devant moi le sang à travers ces armes meurtrières...

Le petit garnement voulut jouer au grand et prétendit pouvoir défendre la princesse, seul contre tous les soldats ici réunis. Ils représentaient l'élite de l'armée de Monär, et étaient dirigés par le garde royal le plus gradé.

Le sourire de Nicolas s'agrandit devant l'impertinance et la trop grande confiance en soi de Lucas. Et il s'amusa secrètement de la réaction puérile de la princesse, qui ne trouva d'autres choses à faire que de s'excuser. A cent kilomètres alentour, l'on pouvait ressentir la peur qui lui pressait le coeur, jusqu'à entendre ses battements subitement accélérés. Elle était totalement paralysée, ce qui rendrait la tâche d'autant plus facile une fois le gardien éliminé.

Ce dernier réussit à voler l'arme d'un des soldats. Celui-ci ne tarda pas à disparaitre dans un cri de souffrance, explosant de l'intérieur. Quelques cendres s'éparpillèrent dans l'herbe verte de la plaine, et furent balayés par une brise légère, mais qui commençait à devenir plus consistante. Le soldat s'était laissé berner, il ne méritait plus de vivre. Nicolas venait de lui infliger l'une de ses techniques, certes l'une des moins puissantes qu'il possède, mais d'une efficacité à toutes épreuves.

-Même si je ne devrais pas répondre aux exigences d'un mort, j'ai bien envie de m'amuser un peu avec toi avant d'en finir. Je sui Nicolas, garde royal au service du prince Jonathan. Et je suis aussi le meilleur soldat qu'il possède dans ses rangs...

Il fit tournoyer son épée dans sa main de manière impressionnante. Son regard était de plus en plus menaçant, annonçant un affrontement imminent.

-Princesse, écartez-vous, dit-il à son intention, afin qu'elle ne souffre pas du combat qui allait débuter. Mais, voyant son acharnement à ne pas bouger, il décida d'agir de lui-même.
Attaquant par surprise, il fit lâcher prise à Lucas en l'obligeant à se concentrer sur le combat. D'un geste de l'épaule, il percuta Laena et l'obligea à reculer. Deux soldats en profitèrent pour la saisir par les bras et l'immobilisèrent, bien que cela ne soit pour l'instant pas réellement nécessaire, puisqu'elle refusait toujours de réagir.

-A nous deux, vaurien !

Nicolas frappa à nouveau. Rapidement, avec agilité et force. Il ne ferait qu'une bouchée de Lucas...

Je sentais Laena trembler de peur. Elle était paralysée. Son unique réaction fût de s'excuser, ce qui lui fallu un regard réprobateur de ma part.
A peine relever, le garde que je venais de désarmer explosa dans un cri de souffrance. Je ne pu retenir ma peur et ma surprise face à cette attaque portée contre l'un de ses soldats, ces sentiments se reflètants involontairement dans mes yeux. Je n'étais pas de poid contre lui, et nous le savions tout les deux. Mais j'avais bien l'intention de me battre jusqu'au bout pour protéger la princesse. Le reste m'importait peu.
L'homme se présenta en tant que garde royal au service de Jonathan. Avec un sourire des plus sadique, il fit le malin en jouant avec son épée comme si ce n'était qu'un simple bout de bois légé comme une plume. Il ordonna à la princesse de s'écarter mais elle ne boufea pas. Je voulu l'écartée doucement mais il réagit plus rapidement que moi et la poussa d'un coup d'épaule vers les soldats qui se saisirent d'elle violament.
J'eu du mal à parer l'attaque portée avec force.
Je m'en voulais d'avoir pu être aussi insouciant. Mais qu'est-ce que je m'imaginais? Que la princesse et moi pourrions nous balader tranquillement, sans problèmes quelconques, alors que la situation des royaumes était au plus mal?
Comble de l'iditie, je n'avais prit aucunes armes. Bien que même avec une épée, je me sentait en très mauvaise posture...
Nicolas ne me laissa pas le temps de me reprendre qu'il attaqua de nouveau. J'évitais le coup de justesse, risquant par l même occasion de glisser sur les pierres. Se battre dans un ruisseau n'était pas des plus confortable. Je ne cherchais pas vraiment à rendre les coups, mais plutôt à les évitér en attendant de trouver mieux. Il fallais que je pense à la princesse, c'était tout ce qui comptait...mais cela n'rrangerais en rien le fait que je ne tiendrais que très peu de temps face à Nicolas...Je me sentais démuni, inutile, et bon à rien. Je manquais cruellement d'entrainement et j'avais du mal à me remettre de la surprise que leur arrivée avait provoquée.
Je tantais de sortir de l'eau tout en évitant ou bloquand ses coups. C'était mal partit...

Le gamin devant la petite troupe doutait, cela se lisait parfaitement et lisiblement dans ses yeux. Il ne tiendrait pas bien longtemps, d'autant plus que l'énergie qui émanait de lui était bien moindre que celle de tous les soldats réunis, voire celle de Nicolas lui-même. Il n'était pas le meilleur garde de Jonathan et n'avait pas non plus été assigné à la protection -ou plutôt, le mot juste serait surveillance- de la princesse pour rien ! Jonathan ne faisait confiance à personne, alors il jugeait sur le talent des pions qui lui servaient d'entourage.

Lucas avait du mal à parer les attaques portées avec force par le chef des soldats. Le combat était des plus inégals, ce qui laissait rapidement juger de son issue quasi certaine... La princesse ne resterait pas longtemps en liberté ! Et, s'il ne mourrait pas, Lucas subirait le même sort et serait ramené à Monär pour y être enfermé dans les cachots, attendant la sentence.
Cependant, si par miracle ils réussissaient à s'en sortir -chose fort improbable en ce moment-, ils seraient sévèrement réprimandés par le roi pour leur insousciance un peu trop poussée. Et Lucas, puisqu'étant censé la protéger, et l'empêcher de faire des choses trop dangereuses, serait jugé bien plus coupable que la blondinette !

Bref, savoir cela ne fait pas avancer l'histoire.

Le fond du ruisseau était bien trop glissant, ce qui rendait l'entreprise encore plus compliquée. Mais, même sur la terre ferme de la plaine, l'inégalité règnerait en maître entre les combattants.
Lucas s'escrimait à faire reculer Nicolas, afin de quitter ce point d'eau un peu trop traître. Ce dernier, ne comprenant que trop bien les intentions du jeunet, recula de lui-même et rejoignis le plancher des vaches. Cela lui importait peu, l'endroit où il se battait.

-Tu sais que tu ne me vaincras pas... Abandonne et rentre chez toi. Cela ne sert à rien de lutter pour elle, alors qu'elle revient de droit au royaume de Monär ! Dans peu de temps, elle lui appartiendra et perdra son titre de Princesse de la Cité !

Oh bien sûr, il lui disait de s'enfuir, mais il le tuerait s'il choisissait cette option. Il mourrait à la minute même où il ferait mine de se retourner pour partir. Nicolas n'était pas partisant des combats à la loyale, ce qui en faisait un adversaire d'autant plus redoutable !

-Sauve ta vie, je m'occupe de la sienne !

Alors que je tentais tant bien que mal de nous faire sortir de l'eau, Nicolas retourna de lui même sur la terre ferme. Je l'y suivit avec une pointe de soulagement, toujours en prenant garde à ses coups qu'il portait avec une force chaque fois plus grande. Ou du moins c'était mon impression, bien que je sache pertinemment que ce n'était pas sa force qui grandissait, mais moi qui m'épuisais.
Nicolas me conseilla d'abandonner et de rentrer à la Cité, précisant que ca ne servais à rien de se battre pour la princesse. Ce qu'il devait ignorer, c'est que protéger la princesse était ma raison de vivre. J'avais été formé dans ce sens et c'était tout ce qui importait pour moi, même si je devais en mourir.

"Je ne suis pas un lâche. Plutôt mourir que de laisser la princesse entre vos sales pattes!"

Je me tenait près à l'attaque. Être de nouveau en équilibre stable me permis de remettre mes idées en place, bien que je sois toujours peu sur de l'issue du combat.
En fait, j'en était tout à fait sur, mais cela n'allait pas en ma faveur, bien au contraire.
J'attendais qu'il reprenne ses attaques, sachant que si je m'y lançais je ne récolterais qu'un échec.
Gagner du temps, et espérer qu'ils aient découvert notre absence et se soient lancés à notre recherche. Il y avait très peu de chance que cela arrive. Ou du moins, qu'ils nous retrouve...
J'avais beau passer en revue toutes les possibilités qui s'offraient à moi, et il n'y en avaient pas beaucoup...voire pas du tout,...aucunes d'elles n'étaient acceptables.

Je méritais bien le regard réprobateur lancé par Lucas suite à mes excuses. Ce n'était certainement pas la chose à faire. Mais qui a dit que je faisais toujours ce qu'il fallait ?

Je fus poussée par Nicolas et rattrapée par deux de la dizaine de soldats. Au début, je ne me débattis pas, mais je finis par bouger dans tous les sens pour qu'ils me lâchent. Cependant, plus je jouais des pieds et des mains pour me sortir de leurs griffes, plus celles-ci se refermaient sur moi.

"Lâchez-moi ! Laissez-nous partir !"

Je ne supportais pas de les voir se battre, le fer s'entrechoquant contre le fer dans un bruit atroce ! Et puis, les paroles du garde... Lucas était loin d'être un lâche, je le savais ! Mais ne devrait-il pas s'en aller, si cela risquait de lui coûter la vie ? Après tout, j'étais la seule coupable d'avoir accepté son idée, il ne devait pas payer pour nous deux...

Baissant les yeux et arrêtant de me débattre après plusieurs longues minutes, je me résolus à lui intimer d'abandonner et d'écouter les paroles de Nicolas. C'était encore la meilleure solution, celle qui aurait le moins de conséquences suite à notre bêtise...

"Lucas... va-t-en... Ecoute ce qu'il dit et va-t-en, je ne veux pas que tu meures...toi aussi..."

Que pouvait-il bien encore se passer?! Nous venions à peine de revenir de Mönar que déjà Laena demeurait introuvable. Malheureusement, elle n'était sûrement pas partie faire une petite balade en toute tranquilité, j'avais le très mauvais présentiment que quelque chose de désastreux n'allait pas tarder à se produire. Encore un coup de Jonathan, j'en aurais mit ma main à couper sans la moindre hésitation!
En toute hâte, j'avais rassembler quelques hommes appartenant au village avant de partir à cheval, Nàmo galopant à mes côtés. Heureusement que celui-ci était présent, à deux nous avions bien plus de chance de la retrouver. Enfin les plutôt, puis-ce que j'avais appris par la suite qu'elle se trouvait en compagnie de Lucas. D'une certaine manière cela était rassurant! Au moins, il la protégerait autant qu'il le pourrait.

Suivant le chemin qui menait à la plaine où nous allions très souvent jouer pendant dans nos jeunes années, nous ne tardîmes pas à croiser les traces toutes fraîches de deux chevaux. Il n'y avait plus de doute désormais, nous étions sur la bonne piste. Anxieux, j'accélerais d'un cran l'allure. S'ils étaient en danger, nous avions tout intérêt à nous presser.
Cela fut plutôt judicieux. En effet, Lucas livrait un combat avec l'un des meilleurs, si pas le meilleur après Jo bien sûr, duelliste de Mönar tandis que Laena se trouvait fermement maintenue par les soldats.

Laena!!!

Me rapprochant d'abord un peu d'eux, je sautais de mon cheval pour immédiatement dégainer mon épée. Contrairement à Nicolas, Lucas semblait on peut plus fatiguer. J'allais donc prendre sa place avec la petite équipe que j'avais amenée avec moi. Je ne savais aucunement si nous allions faire le poids mais en tout cas, il nous fallait au moins essayer!

Va la récupérer. On te couvre! lançais-je finalement à l'attention de Lucas.

Voilà que la princesse se mettait à se débattre. Mais cela ne changeait rien au plan. Elle ne pourrait pas se défaire si facilement des soldats. Et ce Lucas n'allait pas tenir très longtemps non plus. Il serait vite fait prisonnier. Jo déciderait lui-même de son sort, cela lui ferait très certainement plaisir ! De plus, le gardien ne semblait pas vouloir partir, ce qui facilitait la tâche.

Alors que Nicolas se préparait à asséner le coup de grâce à Lucas afin de le mettre hors d'état de se battre, il ressentit une présence un peu plus forte, accompagnée de plusieurs autres présences, mais moindres. Il ne mit pas longtemps à faire le rapprochement entre l'énergie nouvelle et celle de Laena, ce qui lui permis de reconnaitre son frère, qu'il avait déjà ressenti au château il y a peu. Il approchait, il fallait donc faire vite !

N'y tenant plus, Nicolas attaqua sans plus ménager ses forces. Cependant, Leldi s'approcha et vint remplacer Lucas qui semblait fatigué et dépassé par le combat. Nicolas offrit un large sourire au jumeau qui lui faisait face, tandis que ses amis prenaient les autres soldats.

-Heureux de vous revoir, petit prince. Oh, mais nous n'avons pas encore été présenté, la dernière fois ! Je suis Nicolas, garde royal, et nouveau garde du corps de votre soeur ! Si vous voulez bien me permettre de la ramener à son fiancé, je vous en serai gré. Je n'aimerais pas abîmer l'un des jouets favoris de sa majesté ! Il m'a très implicitement précisé qu'il voulait vous tuer lui-même !!

Nicolas se mit en garde face au prince Leldi. Les soldats en firent de même face à leurs adversaires respectifs. Une aura malveillante transparaissait d'eux tous, mais en particulier de corps du garde qui menaçait Leldi !

Je me sentais à bout de force. Nicolas semblait en avoir assez de jouer avec moi, et l'attaque qu'il s'apprêtait à lancer m'aurais surement mit hors combat.
Heureusement pour moi, je sentis un groupe en approche. Leldi était parmi eux. Il arriva pile au bon moment, m'ordonnant de récupérer Laena pendant qu'ils me couvraient. Je ne me le fit pas dire deux fois. Je ne pris même pas le temps de reprendre mon souffle, et l'idée de lui dire merci ne me traversa même pas l'esprit...
Je me dirigeais prudemment vers les deux gardes qui retenaient Laena et me mis en position de combat. Je ne leur laissai pas le temps de réagir et attaquais directement le premier soldat, d'une attaque rapide et précise de façon à ce que je puisse m'occuper de l'autre avant qu'il ne s'en prenne à Laena. Les renforts m'avaient redonner un peu de force, bien que je m'en voulais d'avoir été secouru par Leldi....
Une fois qu'ils eurent lâché Laena, je la pris par la main et l'éloignais du combat. Pas la peine de me mesurer plus en profondeur face aux deux autres... Et je n'avais pas eu tort de réagir ainsi, car ils ne mirent pas longtemps à rendre les coups. Je poussais la princesse pour qu'elle se dirige vers les chevaux et fit face aux deux assaillants. A peine retourner que je bloquais un coup et évitais le second de justesse.

"Deux contre un...vous n'avez...pas honte?"

Leldi arriva "enfin" pour nous aider à repousser ces envoyés de Jonathan. Enfin, plutôt pour aider Lucas à le faire, car j'en étais incapable.
Dés l'arrivée de mon frère, je me sentis rassurée, sa présence aidant beaucoup. Et puis, il y avait Nàmo, et les autres aussi ! Nicolas ne devait pas être si difficile à repousser, avec de telles forces. Toute la jeunesse combattante de la Cité était ici, si je ne me trompais pas.

Lucas vint me délivrer tandis que mon frère et nos amis faisaient face aux soldats qui nous encerclaient plus avant. Je le suivis alors qu'il me prennait la main et m'entrainait plus loin. Il venait de terrasser mes deux goeliers, ce qui annonçait un retournement de situation des plus positifs.

Cependant, venant contredire mes pensées, les deux hommes se relevèrent et s'attaquèrent à Lucas pour essayer de le neutraliser. Je fus éloignée par mon gardien et je compris de suite qu'il voulait que je me dirige vers les chevaux. Mais je ne voulais pas le laisser seul face à ces deux ennemis ! Cependant, je ne serais qu'un poid pour lui, je l'empêcherais de se concentrer sur son combat, et je risquerais de lui causer des ennuis. Oui, parfois, il m'arrivait de réfléchir...

Je me concentrai un instant pour toiser la meilleure solution, et je décrétai qu'il serait en effet mieux de limiter les dégâts et de m'éloigner, afin de ne plus leur causer de soucis. Je rejoignis les chevaux et montai sur Snow qui s'impatienta aussitôt, montrant son désir de s'éloigner au plus vite de cet affrontement.

-Doucement, ma belle. Nous n'allons pas tarder...

Du moins l'espérai-je !
Je caressai son encolure, la main tremblante, des plus inquiètes malgré la présence de mon frère. Je serrai ensuite les rennes entre mes doigts, osant à peine observer la scène et priant intérieurement pour que tout se termine bien !

Nous n'étions pas en position de nous battre pour le moment. Certes nous étions tous des combattants plus ou moins expérimentés et nous étions à égalité d'un point de vue numérique, mais dans l'autre côté, c'est l'élite que l'on nous avait envoyer! Jonathan n'avait pas fait les choses à moitié, il voulait absolument que l'on lui ramère Laena aujourd'hui même! En réalité, même en nous attaquant à Nicolas avec Nàmo, nous étions totalement incapable de lui faire face.

Un garde du corps?! Comme si Laena avait besoin d'un type comme vous pour la protéger! C'est le rôle de Lucas et le mien par la même occasion, il est hors de question que je vous laisse repartir avec elle! Cela a déjà été suffisament difficile de la ramener dans notre royaume, je ne tiens pas à avoir fait ça pour rien.

Tout en cet homme transpirait la noirceure et le sadisme. Il était bien le digne petit soldat du fiancé de ma soeur!
Me mettant en garde à mon tour, je fixais le garde royal dans l'espoir de trouver une solution. Mais bien sûr, celle-ci n'allait pas apparaître comme par magie. La magie existait peut-être mais elle n'était d'aucune utilité dans pareil cas.

Je ne laisserais pas ce chien de Jonathan me séparer à nouveau d'elle!

La princesse avait rejoint son cheval et avait grimpé dessus, Lucas faisait face à deux soldats durement entrainés, Nàmo et les autres avaient chacun droit à un des ces mêmes soldats et enfin, Leldi avait hérité du garde : Nicolas. Et tout ce petit monde s'agitait dans la plaine verte, dérangeant les oiseaux, les papillons et les poissons. Le ruisseau ne tarda pas à se teinter de rouge alors que tous les soldats passaient à l'attaque, blessant et, plus rarement, se faisant blesser. Le sang tapissait l'herbe, et les cris fusaient, malgré leur retenue évidente. Personne ne voulait laisser transparaitre sa douleur, ni laisser la place à l'ennemi ! Tous désiraient impressionner, même si cela n'était pas toujours des plus simples.

Le vent s'était levé, et les nuages recouvraient le ciel. Un des soldats contrôlait le temps autour de lui, et l'utilisait afin d'essayer d'aveugler et de déséquilibrer ses adversaires, les alliés. Les jeunes tentaient tant bien que mal d'affronter les plus âgés, et le combat semblait être assez égal, à présent.

Lorsque les éclairs déchirèrent le ciel et frappèrent les arbres un peu plus loin, Nicolas donna l'ordre aux soldats de se saisir de Laena qui était isolée sur son cheval et de disparaitre au plus vite. Jonathan n'attendrait pas l'éternité pour récupérer sa fiancée et, s'ils tardaient encore, on ne donnerait plus très cher de leur peau à tous, excepté Nicolas qui avait tout de même un statut un peu plus privilégié.

Ils abandonnèrent donc tous leurs adversaires respectifs en les déstabilisant parfaitement avant de se jeter à l'unisson sur Snow qui rua pour tenter de les éloigner. Laena réussit à se tenir à elle, et la jument commença à galoper entre les corps des soldats, donnant des coups de sabots par ci et mordant par là, se frayant ainsi un chemin.
Elle passa la ligne des jeunes Insi et continua à galoper, malgré l'insistance de Laena à la faire s'arrêter. La jument avait sans doute mieux jaugé le danger que sa cavalière...

Leldi et les alliés étaient tous du bon côté du ruisseau, et encore relativement proches de la forêt et de leurs montures. Mais Lucas se trouvaient encore fort près des ennemis, désarmés et sans son cheval à portée. Les soldats, sous l'ordre d'un Nicolas exacerbé, se ruèrent sur le jeune homme et lui firent perdre connaissance à l'aide de divers coups, dont un, fatal, porté à la nuque. S'ils ne rapportaient rien, ils étaient condamnés. Alors ils préféraient essayer de ramener quelque chose à leur prince pour tenter d'apaiser son courou !

Nàmo enjoigna à Leldi et aux autres de faire volte-face et de rattraper Laena pour rentrer au plus vite. Ce n'était pas un ordre, mais il était assez insistant, même envers le prince. Ils savaient tous que le combat était fini et que si la princesse restait trop longtemps seule, il se pourrait que l'idée effleure l'esprit de Nicolas et de sa troupe de surgir près d'elle pour l'emmener elle-aussi ! Mieux valait qu'ils n'aient qu'un seul prisonnier pour l'instant !

Les combats faisaient rage sur la plaine, lui donnant peu à peu une couleur rougeâtre. Le ciel s’assombrissait à une vitesse qui n’avait rien de naturel, diminuant fortement la visibilité.
L’orage ne tarda pas à éclater, n’arrangeant en rien la situation déjà difficile.
Concentrer sur le combat, et étant relativement éloigné des autres, je n’entendis pas l’ordre de Nicolas en ce qui concernait la princesse. Les deux soldats commençaient à prendre largement le dessus, et j’étais épuisé.
Mais je pu quand même apercevoir leurs alliés se regrouper autour de Snow après avoir déstabilisé leurs adversaires.
Ce court moment d’inattention suffit à me faire perdre mon épée et à recevoir un mauvais coup de celle d’un des deux soldats. Je fut blaissé au bras en assayant de repoussée l'arme.
Grimaçant, je vérifiais que Laena s’en était bien sortie. Je fus surpris et effrayer de voire tout les soldats se ramener vers moi.
Je reçu un nouveau coup, mais de poing cette fois, suivit de bien d’autre. J’étais déjà à moitié assommer quand je reçu le coup fatale. Je sentis mes jambes se dérobée et puis ce fut le trou noir…

La bande de soldats, dirigée par Nicolas, s'emparèrent de Lucas et disparurent comme ils étaient venus, laissant la plaine déserte et rouge de sang. Le ciel demeura sombre, et la pluie ne tarda pas à effleurer les nuages. Elle tomba d'abord doucement, puis se fit de plus en plus violente. Le vent ravageait le paysage de ses rafales, faisant plier les arbres de la forêt et crier leurs branches. Les feuilles volaient partout !
Mais l'eau s'écoulant ainsi permis de nettoyer les dégâts du bref affrontement. Le sang glissa jusqu'au ruisseau et s'évanouit dans sa continuité.

Arrivés au chateau, Lucas fut enfermé dans le plus sordide des cachots, enchainé au mur. Il faisait à mourir de chaud, là-dessous. Et les cris fusaient de toutes parts, des cris de douleur intense, intensément insupportables, aussi ! C'était à en devenir fou !!!

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