Balade d'agrément

Cela faisait bientôt trois ans que Jonathan et moi étions mariés. Ce matin, il avait prévu de m'emmener en balade, puisque cela faisait plusieurs jours qu'il avait été absent pour une raison qui m'était inconnue. Je n'étais pas réjouie de cette sortie, même si elle était plutôt banale selon ses dires.

Nous nous étions apprêtés et nous sortîmes, accompagnés d'une escorte d'une demi-douzaine d'hommes de la garde royale, tous armés, comme d'habitude. Je ne savais pas du tout où il comptait me conduire. Je n'avais pas envie d'être là, même si c'était la première fois depuis un bon moment que je quittais l'enceinte du palais. J'aurais sans aucun doute préféré y rester...

Cependant, mon esprit vagabonda jusqu'à penser à une manière de m'enfuir. Puisque j'étais dehors, plus aucun sortilège n'aurait pu m'en empêcher ! Je pourrais retourner à la Cité, revoir mon frère et mon père, et Lucas qui lui s'était enfui sans moi le jour de notre mariage. Il n'avait pas réussi à me prendre avec lui, Jo l'en avait empêché... Je pourrais tous les rejoindre en réussissant à fausser compagnie à cette petite troupe, et à l'homme qui était à présent mon mari. C'était possible, si je faisais attention et que j'étais ingénieuse... Je pouvais y arriver !! Mais je ne devais rien montrer de mes intentions, sinon tout aurait été fichu d'avance.

Mon cheval marchait au pas aux côtés du sien, si proche que je pouvais presque le frôler. Je ne devais pas changer mon attitude à moins de risquer d'être découverte... Il me connaissait trop bien pour se laisser berner par une quelconque excuse, et je lui mentais bien trop mal pour me berner moi-même.

Le prétexte était parfait. Une innocente petite promenade dans le but d'aller visiter nos terres étaient une très bonne excuse pour quitter le palais et emmener Laena à ma suite. Certes j'aurais pu l'obliger à venir purement et simplement, mais le jeu aurait été bien moins drôle et le voyage d'un ennuis mortel si elle avait fait la tête durant la chevauchée.

C'est donc ravis par la tournure que prenait les évènements, je faisais marcher calmement mon cheval au côté du sien. Ne laissant qu'une très courte distance entre nous, malgré le fait qu'elle soit docile je préfèrais l'avoir à l'oeil, je me laissais parfois prendre par l'envie d'effleurer sa main où trônait fièrement l'alliance qui affirmait clairement qu'elle était désormais mienne. Bien que quatre ans ne soient rien pour nous, on pouvait quant même dire que ce n'était pas hier que nous nous étions marier. Et puis, ces quatre années symbolisaient aussi le départ de ce Lucas. Il ne rôdait désormais plus dans les parages. Pourtant j'aurais aimer pouvoir le tuer de mes mains, mais cette idée s'était peu à peu éteinte lorsque ma vie avait commencée réellement en compagnie de Laena.

Tu vas voir, j'ai une surprise pour toi...

Remarquant seulement qu'elle était désormais plongée dans ses pensées, je ne pris pas réellement garde à ce qu'elle faisait. Elle était obéissante maintenant, je n'avais plus à brandir le poing pour l'effrayée et qu'elle ne tente plus de s'échapper. Et puis, elle pouvait toujours essayer de partir, je la retrouverais toujours. Elle ne m'échapperait plus jamais!

A quoi penses-tu?

Sa voix retentit après un long moment de silence, ce qui me fit sursauter. Moi qui avais décidé de rester discrète, j'étais bien mal partie ! J'avais été surprise dans mes pensées qui n'étaient pas très appropriées, à vrai dire.
Je me tournai vers lui, intriguée. Une surprise ? Pour moi ?

Ah oui ? Et quelle est-elle ? l'interrogeai-je avec un intérêt non dissimulé.

Pourtant, je ne tardai pas à baisser les yeux sur l'encolure de ma monture, flâtant son flan de ma main. J'avais été bête de croire qu'il ne remarquerait rien. Chaque fois qu'il était près de moi, je me sentais observée. Ce n'était certes pas toujours désagréable, mais parfois cela pouvait le devenir.

Je ne pensais à rien de spécial en particulier, répondis-je d'un ton assez neutre.

La seule raison qui me poussait à penser à la fuite était que je voulais revoir ma famille, et mes amis. Cela faisait trop longtemps que je n'avais plus serré mon frère dans mes bras, ni vu Lucas ou mon père. Ils me manquaient tous terriblement !
Cependant, je ne voulais pas non plus m'éloigner trop longtemps de Jonathan. Malgré quelques faits qui ne me plaisaient guère chez lui depuis quelques années, je l'aimais encore ! De plus, je me rendais petit à petit compte que nous étions réellement mariés, même si j'avais été conduite de force jusqu'à l'autel il y a quatre ans. A vrai dire, je ne pouvais pas oublier ce détail, même si je l'avais voulus. Si ce n'était de vive-voix, il ne cessait de me rappeler notre union par de petits gestes assez significatifs, comme il venait encore de le faire en frôlant ma main, et mon alliance par la même occasion. Celle-ci était encore lourde à porter, mais semblait devenir un peu plus légère chaque jour...

C'est sans surprise que j'accueillis sa question. Il y avait tant d'innocence en elle, même après ces quelques années depuis notre rencontre je ne pouvais m'empêcher d'être attendris. Et puis, quelle petite curieuse! Il y avait certains principes qu'elle refusait de voir dans la partie surprise de la fameuse surprise justement.

Mais voyons, ce ne serait plus amusant si je répondais à cela. La surprise doit rester entière...

Encore une réponse assez évasive. Je n'aimais pas cela, je voulais toujours savoir à quoi elle pensait ou plutôt vers qui ses pensées se tournaient! Elle n'avait pas à avoir de secret pour moi, j'étais le seul après tout! Personne d'autre ne pouvait se trouver proche de son coeur comme de son corps comme je l'étais.

Donc tu penses bien à quelque chose... Parle, dis moi tout! Tu sais bien que je ne supporte pas d'ignorer les choses. Tu as attiser ma curiosité alors tu te dois maintenant de tout me raconter. Je veux connaître le moindre recoins de ton esprit, tu le sais non...?

Maintenant que nous nous étions engager dans cette pente glissante, tout me semblait louche, beaucoup trop louche. Ne me contentant plus que d'un simple contact, je pris sa main dans la mienne pour enlacer notre doigt. Je n'étais point paranoïaque, j'avais simplement appris à me méfier des idées de Laena. La Belle était loin d'être stupide et bien que docile et adorable en ce moment, elle pouvait changer d'idée à tout moment à cause de ses pensées qui vagabondaient loin de moi.

Tu ne dois pas penser à quelqu'un d'autre! Je suis le seul n'est-ce pas?! C'est moi que tu aimes!

Laissant immédiatement retomber la colère qui m'avait fait serrer bien plus fort sa main, je repris d'un ton plus doux et bien plus calme. Je n'avais pas à m'énerver, elle n'avait encore rien fait et peut-être ne voulait-elle pas m'avouer que c'était à moi qu'elle pensait car elle était trop timide. Oui, cela devait être ça! Ou du moins, je voulais croire en cette hypothèse pour le moment.

Pardonne moi, mon Ange. Je n'aurais pas du m'emporter...

Je soupirai, légèrement frustrée par sa réponse : il ne faisait que renforcer ma curiosité qui pointait le bout de son nez un peu plus sûrement à ses paroles. Mais je ne dis rien, cela n'aurait servi à rien d'insister. Il ne m'aurait de toute façon pas dévoilé cette surprise avant le moment venu ! Continuer sur la voix de l'interrogation nous aurait certainement agacé tous les deux.

Il ne tarda d'ailleurs pas à revenir sur ma réponse assez évasive, il fallait l'avouer. En effet, je pensais bien à quelque chose, mais cette chose, je ne pouvais pas la lui révéler. Je lui fis un sourire gêné alors qu'il affirmait qu'il était de mon devoir de tout lui raconter à présent, parce qu'il voulait connaître le moindre recoin de mon esprit. Je hochai la tête à son "tu le sais non ?" avant de répliquer :

Oui, je le sais. Mais je sais aussi que ce ne serait pas juste que toi, tu aies le droit de me cacher des choses alors que de mon côté je serais obligée de tout te dire ! Notre curiosité est égale, tu as attisé la mienne, alors ne t'offusque pas tandis que je fais pareil ! Nous avons tous droit à notre jardin secret, n'es-tu pas de mon avis ?

Je ne voyais pas pourquoi il aurait été le seul à pouvoir garder des secrets pour lui ! J'étais moi-aussi une personne, et je ne voulais pas forcément tout lui avouer. Surtout pas, à vrai dire, le fait que je désirais me séparer de lui durant quelques temps afin de retrouver ceux qui m'étaient chers.

Il s'empara de ma main et enlaça nos doigts à une vitesse assez impressionnante. Rien d'étonnant à cela, si ce ne fut la pression qu'il exerça soudain, comme s'il avait voulu me briser les os sans le faire pour autant. Son ton se fit plus oppressant, et beaucoup plus possessif. Agressif aussi. Il me fit peur et je ne pus retenir un sursaut qui se transmit à travers mes doigts accrochés aux siens, douloureux.
Le silence plana autour de nous. Je n'osais répliquer, ne sachant ce que j'aurais pu répondre à cela. Si je lui mentais, il s'en rendrait compte, et je n'aimais pas pratiquer cela... Mais si je lui disais la vérité, je risquais de le mettre d'autant plus en colère !

Enfin, il finit par s'excuser, ce qui me soulagea assez. Après quelques instants de doute, je me permis un léger sourire. Mais je n'étais pas si rassurée que ça après sa petite crise de colère passagère...

C'est toi que j'aime certes, mais tu n'es pas le seul être que je porte dans mon cœur ! Tu n'es pas le seul homme de ma vie, tu sais !!

Je me rendis compte à l'instant de la stupidité de ma dernière phrase. Si je ne rectifiais pas le coup directement, il allait très certainement se fâcher à nouveau !

Excuse-moi, je me suis mal exprimée. Je veux simplement que tu saches que je ne peux pas penser à toi sans arrêt ! Je suis déjà à tes côtés, mais j'aime ma famille, et mes amis. Permets-moi de penser à eux de temps en temps aussi...

Dans la mesure où avoir un jardin secret me semblait dangereux, non elle n'avait pas le droit d'en avoir. Cela me paraissait pourtant être une chose évidente. Si elle pensait librement, elle risquait d'être parasitée par ses proches qu'elle semblait tant aimer et cela me forcerait à appliquer des mesures punitives qui ne plaisaient guère puis-ce qu'à cause de cela elle souffrait. Donc, si je résumais bien mes propres pensées, il suffirait qu'elle n'ait aucun secret pour moi pour qu'elle ne doive plus jamais souffrir. Mais le problème était que Laena n'avait jamais eu la même façon de voir les choses que moi, c'était bien cela qui posait parfois problème dans notre couple. Enfin, c'était aussi à cause de ses différences que je l'aimais...

- J'admet que j'y ai peut-être été un peu fort...

Encore une fois, je préférais faire profil bas. Pas que je m'abaissais réellement devant elle, je voulais juste lui laisser l'impression d'avoir gagner pour qu'elle ne se rebelle pas. C'était une façon plutôt pratique pour ne pas avoir à gérer des crises stupides et sans importances.

Pourtant alors que je me montrais sous mon meilleur jour face à elle, Laena trouva le moyen de me faire sortir de mes gonds une nouvelle fois. Imbécile, tu te plains de souffrir mais tu fais tout pour attirer cette souffrance justement! Je n'étais donc pas le seul dans son coeur! Comment osait-elle me dire une chose pareille alors qu'elle m'appartenait?!

- Comment?! Tu veux sans doute parler de ton Lucas! Ou de ton frère qui pourtant ne se montre jamais réellement blanc face à toi! J'aurais du les faires exécuter depuis longtemps ces deux-là! Mais j'ai fait l'effort de les laisser en vie parce que tu les appréciais justement! C'est donc comme ça que tu me remercies?! En me poignardant dans le dos avec cette histoire d'autres hommes!

Sur le coup, je stoppais mon cheval et la fixais avec dureté. Je n'aimais pas quand elle se comportait de cette façon. En fait, elle non plus je ne l'aimais pas dans un cas pareil car ce n'était pas vers cette femme que mon coeur se tournait. Si je m'étais écouter, je l'aurais massacrer sur le champ pour ne plus entendre ses lèvres que j'aimais tant proférer de telles insanités.

Un silence s'en suivit jusqu'à de nouvelles "excuses" de sa part. Oui, il y avait été un peu fort, et il le faisait assez souvent. C'était d'ailleurs de plus en plus fréquent au fil du temps. Alors qu'au début il avait toujours été gentil et agréable avec moi, année après année, il avait commencé à changer petit à petit d'attitude, tant envers moi qu'envers les autres. Pourtant, à chaque fois, il finissait par s'excuser. Je ne pouvais donc que le pardonner, parce qu'il redevenait celui que je connaissais... Et que je l'aimais.

Je me maudis d'avoir prononcé ces mots qui l'incitèrent à s'énerver à nouveau. Je n'arrivais pourtant pas à contrôler ce que je disais, je ne pouvais pas arrêter mes paroles, dans des cas comme cela. J'étais sincère, je lui disais ce que je ressentais. N'était-ce pas normal, entre deux personnes qui prétendaient s'aimer ?

- Comment ?! Tu veux sans doute parler de ton Lucas ! Ou de ton frère qui pourtant ne se montre jamais réellement blanc face à toi ! J'aurais dû les faire exécuter depuis longtemps ces deux-là ! Mais j'ai fait l'effort de les laisser en vie parce que tu les appréciais justement ! C'est donc comme ça que tu me remercies ?! En me poignardant dans le dos avec cette histoire d'autres
hommes !

Il stoppa son cheval et s'arrêta en fixant sur moi un regard dur hanté par la colère. Mais ce qui me fit arrêter mon cheval à mon tour était la menace cachée dans son discours. Une menace qu'il n'avait jamais réellement formulée devant moi et que j'espérais avoir simplement inventée...

Faire exécuter mon frère et Lucas ? Tu as fait "l'effort de les laisser en vie" ? En quoi devrais-je te remercier d'avoir "épargné" ma famille et mes amis ? Je te signale qu'il n'est pas normal d'éliminer les proches des gens qu'on aime... C'est... c'est totalement insensé et immonde ! Je n'arrive pas à croire que c'est toi qui dis cela...

J'étais complètement déboussolée par cette révélation. Je n'arrivais en effet pas à croire ce qu'il disait. Peut-être avais-je envie de rêver encore un peu, pour ne pas l'avoir vu plus tôt...

Comment peux-tu dire ça ?

Je lui lançai un regard outrageusement blessé et fis faire volte-face à mon cheval, décidée à ne plus le suivre.

Puisque c'est comme ça, je préfère encore rentrer chez moi auprès de gens qui ne chercheront pas à te tuer, même s'ils ne te portent pas dans leur cœur !

- Ne parle pas de normalité comme ça! Cela n'a rien à voir... Après tout, il est tout à fait normal d'éliminer ses rivaux. Depuis le début de la vie dans l'univers cela s'est toujours passer comme ça. Le plus fort doit triompher sur le plus faible ou l'équilibre sera rompu, c'est comme ça et pas autrement.

Elle ne comprennait toujours pas et elle ne comprendrait sûrement jamais. Pourquoi ne pouvait-elle pas faire un effort dans ce but? Nous pourrions être heureux si elle se contentait d'avancer à mes côtés sans regarder ce qu'il y avait autours de nous. Le monde était noir, désespérément noir et j'étais sa lumière. En fait, je devais être la seule personne qu'elle devait voir!

- Que dis-tu?! Tu vas rentrer chez toi, comme ça parce que tu l'as décider. Mais tu as perdu la tête ma pauvre Laena!

Jamais je ne la laisserais partir. Elle n'avait pas le droit de me quitter pour d'autres personnes et en fait même pas pour sa propre personne. Je devais la protégée de ses mauvaises idées et de ses mauvaises relations. C'était les autres qui étaient coupables et pas moi. Je n'avais fait que faire ce qu'il fallait pour mettre à l'abri tous les deux.

- Ils ne désirent que nous séparer! Tu le sais qu'ils ne m'aiment pas et qu'ils refusent notre relation. Tu ne vas quand même pas les laisser faire....
Pitié Laena ne part pas..!

Il me conta le phénomène connu sous l'appellation de "loi de la jungle" pour défendre ses paroles. Mais il les avait prononcées, et rien que pour ça je désirais m'en aller. Je ne pouvais rester en sa présence pour l'instant après avoir entendu ça...

Tu n'es pas obligé de rabaisser les autres pour conserver l'équilibre... Mes parents ont très bien su instaurer un équilibre qui n'était pas basé sur la force, mais plutôt sur le respect et sur la solidarité ! Et mon père continue de s'y tenir...

Je ne voulais pas penser à ma mère, mais elle me revenait en mémoire, avec son sourire, sa voix, et sa bonté infinie. Elle m'aimait, je l'aimais, et je l'avais tuée, parce qu'il m'y avait obligée... Dans un sens, j'étais devenue comme lui lorsqu'il était violent, mais je ne pouvais l'accepter ! Je ne devais pas l'accepter !

Non je n'ai pas perdu la tête, c'est toi qui l'as fait !

Je me tournai entièrement vers lui pour pouvoir le regarder dans les yeux. J'aurais voulu y voir une autre expression que celle qu'il arborait à présent...

Ils refusent notre relation, certes ! Mais tu refuses celle que j'entretiens avec eux... Au final, tu n'es pas si différent. Seules tes méthodes divergent des leurs...

Alors que j'allais partir, il m'implora de rester. J'hésitai un instant, puis me décidai à m'en aller quand même. Je ne pouvais pas tout lui laisser passer... Il venait quand même de parler de tuer mon propre jumeau, Leldi, et Lucas, mon meilleur ami ! Je ne pouvais pas accepter ça non plus.

Si, je pars. J'ai besoin de faire une pause ! On se reverra quand tu auras changé de conception des choses !

- Et on voit où cela les a menés. Ta mère n'est plus et ton père n'est capable que de pleurer sa disparition. C'est pitoyable...

Oui, pitoyable! Et elle aussi l'était en ce moment. Furieux parce qu'elle refusait de marcher au pas, je fis faire volte-face à mon étalon et plantais mes talons dans ses flancs pour le faire avancer. Celui-ci hénis légèrement à cause de la violence inhabituelle de mon geste mais se mit à avancer. Je suivis Laena avec mécontentement mais ne revient jamais à sa hauteur.

- Si je refuse c'est parce qu'ils ont mauvaise influence sur toi. Regarde comme tu changes lorsque l'on parle d'eux. Rien que le fait de penser à eux est néfaste pour toi!

Elle reviendrait quand j'aurais changer ma vision des choses?! Alors il était certain qu'elle ne me rejoindrait plus jamais donc il ne fallait pas que je la laisse partir même pour une seconde. Quand je pense que nous étions sortit parce que j'avais confiance en elle et que je pensais que cela pourrait lui faire plaisir. J'avais vraiment été stupide de croire que je pourrais la protéger des autres en dehors du palais.

- Nous rentrons, Laena. Tu vas me suivre bien gentillement ou je vais devoir me montrer plus...persuasif!

Son "ta mère n'est plus" me fit tressaillir. Je savais qu'elle était... qu'elle n'était plus là ! Il n'avait pas besoin de me le dire, et en plus en la descendant, ainsi que mon père. Il me suivait pour me dire ça, pour enfoncer le couteau dans la plaie.

C'est faux ! Ce n'est pas pitoyable ! Et mon père ne fait pas que pleurer sa disparition...

Par contre, moi je l'avais fait, quand mon père, accablé de chagrin, s'était révolté. Il ne savait pas que j'avais commis ce crime, seul Leldi était au courant... Et si mon frère ne m'avait pas trahie, il était toujours le seul et l'unique. Je n'aimais pas leur mentir, mais je n'avais pas la force de leur avouer. Pourtant, je l'avais fait pour une seule personne, mon jumeau, la personne à laquelle j'étais la plus liée... Du moins était-ce encore elle à l'heure actuelle ?
Ce n'était pas néfaste de penser à eux. Pas pour moi. Je ne pouvais pas me résoudre à ne penser qu'à une seule et même personne, je pensais à eux aussi ! Je ne changeais pas lorsqu'on parlait d'eux, je changeais à cause de lui...

Te montrer plus persuasif ? Que vas-tu faire ? Tu vas me tuer, moi aussi ? lâchai-je soudain alors qu'il me menaçait.Je me tournai vers lui pour lui faire face. J'avais peur, je ne pouvais le cacher. J'avais peur de ce qu'il pourrait faire, mais ce n'était pas pour autant que je devais fuir...

Non, je ne rentre pas avec toi ! Tu as entendu ce que je viens de te dire ? Je retourne chez moi !!

Quelle petite idiote, elle croyait donc vraiment que la seule arme que j'avais en ma possesion était de la tuée. J'étais pourtant capable d'utiliser bien d'autres méthodes plus efficaces pour obtenir ce que je désirais. Un mort était inutile et ce n'était donc pas dans mon intérêt d'éliminer quelqu'un qui aurait pu me servir. Et puis, comment aurais-je pu la tuée alors qu'elle comptait plus que tout pour moi? Non, elle était ma femme et je ne pouvais décement pas me montrer méchant avec elle! Mais, il fallait voir ce qui était méchant et ce qui ne l'était pas pour moi...

- Non, je ne te tuerais pas. Je serais bien trop chagriné si je devais te perdre, Laena...

Elle avait peur et pourtant, elle osait me défier. Même si d'un côté je ne supportais pas cette insolence, je devais avouer que cela me plaisait qu'elle résiste. Ce n'était pas amusant si elle n'avait que peur de moi, surtout dans la mesure du possible je préférais ne pas me contenter d'une poupée. Elle devait obéir tout en gardant une pointe de caractère qui m'amuserait plus qu'autre chose. Voilà comment je voyais les choses et je comptais bien, un jour, réussir à la dressée.

- Chez toi? Mais je t'en prie Laena, rentre donc chez toi...

Arrêtant mon cheval, je flattais tranquillement son encôlure en attendant qu'elle se rende compte du piège. Ce n'était pas bien difficile à comprendre, mais n'oublions pas que nous parlions de Laena... Enfin, elle comprendrait bien vite que son "chez moi" n'était autre que le château où nous vivions elle et moi. Après tout, nous étions mariés et là était sa place.

Au moins, j'étais assurée sur le fait qu'il ne me tuerait pas. A vrai dire, s'il avait répondu que c'était une possibilité, j'aurais été bien plus choquée encore que je ne l'avais été tout à l'heure. Non, je n'étais pas égocentrique, et si je l'étais un peu, ce n'était pas à ce point. Cependant, je pouvais comprendre - comprendre n'est pas accepter, bien entendu - qu'il puisse vouloir la mort de ceux qu'il n'aimait pas. Mais, si ses paroles étaient réelles, il m'aimait, et je l'aimais moi aussi. L'entendre me dire qu'il me voulait morte aurait donc été un grand choc, d'autant plus si ces paroles venaient de lui...

Comprends alors que je sois moi-même chagrinée par la perte de mes proches. C'est exactement le même sentiment !

Il changea soudainement d'avis et m'autorisa à rentrer chez moi. Il arrêta même son cheval pour ne plus me suivre. J'arrêtai le mien, et me tournai vers lui.

Tu penses réellement ce que tu dis ?

En effet, c'était étrange qu'il m'autorise si brusquement à retourner à la Cité alors qu'il s'y opposait encore royalement deux minutes auparavant.

Tu me laisses retourner à la Cité ?

- Attention, je n'ai pas dit cela. Aujourd'hui, je suis disposé à te laisser rentrer seule au palais puis-ce que tu as besoin de t'isoler un peu... N'oublie pas Laena que ma demeure est la tienne désormais.

La Cité n'était décidement plus un endroit pour elle et la meilleure solution aurait sûrement été de la rasée. Mais le problème, c'est que si je faisais cela, elle ne me parlerait sûrement plus durant un bon moment ce qui était vacheusement ennuyant. Avec qui allais-je pouvoir papoter tranquillement si ma chère Laena refusait de laisser un son traverser ses lèvres en ma présence?

- Tu ne trouves pas que je suis gentil? Je fais déjà un gros effort pour te laisser un peu tranquille. Mais ne m'en demande pas plus ou je risque bien de perdre patience plus tôt que je ne le voudrais.

Cette discussion m'ennuyait profondément. Reprenant les rennes de mon cheval, je tirais légèrement dessus pour qu'il relève la tête et lui ordonnais de se remettre au pas. En toute tranquilité, je dépasais Laena et repris la route du château en compagnie de mes hommes qui s'étaient fait discret jusqu'ici. Certains d'entre eux ne semblaient pas approuver ma décission et leurs bavardages incessant suffirent à me faire perdre mon calme.

Avec un sourire mécontent, je tournais les yeux vers eux et les fusillait du regard. A la seconde même où j'avais reposer les yeux sur le paysage qui nous entourait, deux d'entre eux se volatilisèrent ne laissant sur la selle de leur cheval qu'un petit tas de poussières immondes.

- Si vous ne voulez pas subir le même sort, je vous conseillerais d'avancer en silence messieurs.

Rentrer au palais... Non, ce n'était pas ce dont j'avais envie ! Même s'il était vrai que, de part notre union, sa demeure était la mienne... Il ne fallait cependant pas oublier que j'avais été conduite de force à l'autel, je n'étais pas prête à me marier avec lui !! Je l'aimais certes, nous avions pour projet de nous marier un jour, mais je l'aurais fait lorsque mes parents auraient changé d'avis, ou en tout cas pas tout de suite. J'étais encore trop jeune. Mais maintenant, il était trop tard, ce qui était fait était fait...

C'est moi qui perds patience ! Tu sais très bien de quel endroit je parle lorsque je dis que je désire rentrer chez moi !! Tu fais ce que tu veux, mais moi je retourne à la Cité, avec ou sans ton accord !

Je donnai un coup de talon à mon cheval et tirai sur les rennes pour lui faire faire volte-face. Ensuite, je partis au galop sur le chemin qui traversait la forêt. Ce n'était pas l'itinéraire le plus court, mais je préférais ne pas me risquer à cette vitesse dans la forêt qui était assez dense !

*Comment peut-il être si... différent ?! Et de quel droit m'ordonne-t-il des choses ? Je suis enfin sortie, ce n'est pas pour rester dans le rang et me retrouver à nouveau enfermée dans cet obscur palais ! Au final, c'est lui qui m'a facilité la tâche, moi qui doutais de la manière dont je pourrais lui fausser compagnie...*

Il avait amené la situation presque idéale...

Etais-ce de la naïveté ou de la stupidité? Dans tout les cas, ce qu'elle faisait ne me plaisait réellement pas. Enfin, ce n'est pas comme si la chose n'avait pas été calculée. Je me doutais tout à fait qu'elle tenterait de me fausser compagnie à la première occassion. Et puis-ce que maintenant, elle m'avait prouver que je ne pouvais pas lui faire confiance, j'allais pouvoir la rattraper et lui faire payer cet affront à ma manière.

Signalant aux soldats que je ne voulais plus les voir dans mon champ de vision, je fis demi-tour et lancais mon cheval au galop à mon tour. Elle avait une ridicule avance mais ne la conserverait pas bien longtemps. Je m'enfonçais dans la forêt, sur ses traces et en ne la quittant pas du regard.

Avec un grand sourire, je la rattrapais et me positionnais à ses côtés pour discuter. D'accord, ce n'était pas une situation où la conversation était simple mais après tout, je faisais ce que je voulais!

- Arrête tout de suite ce cheval, Laena! Obéis maintenant où je vais faire en sorte que cet animal ne puisse plus jamais courir. Tu vas te faire mal si tu tombes! Et tu ne veux quand même pas avoir mal...

Alors que je pensais lui avoir faussé compagnie, il arriva à ma hauteur et commença à me menacer plus concrètement que tout à l'heure. Je ralentis l'allure du cheval mais ne m'arrêtai pas.

Tu n'oserais quand même pas...

J'étais horrifiée à cette idée, mais je pensais qu'il en était capable. Pourtant, moi je ne ferais jamais de mal à ceux que j'aimais ! Comment pouvait-il ne serait-ce que penser à le faire ? Je voulais bien accepter toute la haine du monde et l'envie de souffrance des autres qui en découlait, mais en quoi l'amour était-il si proche de ce sentiment abjecte ? En quoi se donnait-il le droit de me menacer ?

Et après tu me demandes pourquoi je pense encore à ma famille et à mes amis ! Mais parce qu'eux ne me menacent pas de me faire du mal s'ils ne sont pas d'accord avec moi !! Ils ne fonctionnent pas comme ça, et je ne pensais pas que c'était ton cas... Si tu es réellement comme ça, je me demande comment je peux t'aimer...

Je donnai un nouveau coup de talon dans les flancs de mon cheval pour qu'il accélère à nouveau et qu'il aille aussi vite qu'il le pouvait. Dans ces conditions, je ne voulais pas être près de lui...

Puis-ce qu'elle le prenait ainsi... D'un geste vif, je dégainais mon épée et tranchais les quatre pattes et la tête de l'animal qui tomba en morceau dans la poussière de ce chemin de forêt. Je m'arrêtais quelques mètres plus loin et observais cette chère Laena qui s'était écroulée avec son cheval. A cause de la rapidité de la chute, elle n'avait pas pu faire grand chose et se retrouvait avec une jambe coincée sous le plus gros morceau du corps de sa jument.

- Voilà ce qui arrive quand on est une vilaine fille...

Un sourire sadique s'imprima sur mes lèvres et je me décidais enfin à descendre de selle pour aller l'aider. Enfin ce n'était pas vraiment pour l'aider, juste pour la ramener chez moi. Essuyant d'abord conscencieusement ma lame avec la manche de mon vêtement, je la replacais dans son fourreau et m'approchais de Laena. Profitant encore quelques instants de ce spectacle jouissif, je me baissais et tapotais le flanc de la bête morte.

- C'est dommage, c'était bien le seul être innocent ici... La prochaine fois, je ferais la même chose à un des membres de ta famille, ce sera plus amusant.

Usant de mes pouvoirs, je déplacais la dépouille du cheval et me redressais pour être à nouveau plus haut que Laena. Sincèrement, je m'attendais à toutes les réactions possibles. Allait-elle prendre la peine de me frapper pour punir mon geste? Avec sa peur des repressailles, j'en doutais beaucoup. Ou bien, elle allait peut-être s'obstiner à s'enfuir à pied cette fois. Cela aurait été trop stupide, Laena disposait quand même d'un soupson d'intelligence lorsqu'elle réfléchissait. Ah que de suspence!

Malheureusement pour moi, il mit ses menaces à exécution. Tranchant rapidement les pattes et la tête du cheval, ce dernier mourut sur le coup et s'effondra, moi avec. Je me retrouvai avec une jambe coincée sous la bête, jambe qui était horriblement douloureuse, ainsi que plusieurs autres parties de mon corps qui avaient subi la chute. Je n'aurais décidément jamais cru qu'il en arriverait là... Le connaissais-je si mal ?

Je levai les yeux vers lui alors qu'il descendait de cheval et que je reprenais mes esprits. Le sourire qui ornait ses lèvres ne m'était pas familier. Je ne l'avais entraperçu qu'une seule et unique fois : le jour de nos fiançailles, le jour du meurtre de ma mère...
Il essuya sa lame tout en me faisant face. Elle était couverte du sang du pauvre animal qui venait de payer à ma place ! Jonathan s'approcha finalement de moi mais ne m'aida même pas, du moins pas au début. A croire que ce spectacle l'amusait...

- C'est dommage, c'était bien le seul être innocent ici... La prochaine fois, je ferais la même chose à un des membres de ta famille, ce sera plus amusant.

Quand en aurait-il terminé de me choquer par ses propos inimaginables ?! Écarquillant les yeux à ses mots, je ne bougeai pas même s'il venait enfin de me libérer du corps mort du cheval. Je le fixais, horrifiée. Je ne savais que faire devant tant de violence verbale et physique de sa part ! Mais je n'allais tout de même pas rester prostrée là, à regarder l'homme que j'aimais qui me rendait mon regard, me toisant de toute sa hauteur !! Prenant appui sur l'arbre qui se trouvait derrière moi, je me relevai, des fourmis dans la jambre. Durant tout ce temps, mon regard quitta le sien. Le souffle court, je tentai ensuite de trouver la force pour rencontrer à nouveau ses yeux. Mais ce courage mit un certain temps à me revenir. Quand je croisai à nouveau son regard noir, je n'y voyais même plus la personne que j'aimais.

Qui es-tu ? lui demandai-je dans un murmure effrayé.

Elle mit un certain temps à se relever et du le faire en s'appuyant à un arbre qui se trouvait non loin d'elle. Elle me semblait vraiment choquée, ce n'était qu'un cheval pourtant! Ou peut-être étais-ce la douleur qui la mettait dans un tel état? Si c'était le cas tant mieux, au moins la leçon resterait inscrite plus profondément dans son esprit.

Lorsque ses yeux rencontrèrent enfin les miens, une question bien étrange quitta ses lèvres. Qui j'étais? Elle se moquait de moi ou c'est le choc qui la rendait amnésique? Sûrement aucune des deux solutions proposées.

- Qu'est-ce que tu racontes enfin. Je suis Jonathan, ton mari bien entendu. Je veux bien accepter que tu sois choquée parce l'incident qui vient de se produire mais cesse de dire des sottises.

Etrangement dérangé par sa question, je m'approchais d'elle, en contournant les morceaux de bidoche, et posais délicatement ma main sur sa joue. Je la caressais doucement, bien plus calme cette fois, et allais même jusqu'à perdre mes doigts dans ses mèches blondes.

- Rentrons mon ange... Je crois qu'il est inutile de prolonger la discussion ici. Et puis, je doute que tu ais encore envie de rejoindre ta famille après ce qu'il vient de se passer. Tu ne voudrais quand même pas que je redevienne méchant...

Il me dit qu'il était Jonathan et qu'il était mon époux. Mais ça, je le savais ! Je ne voulais pas qu'il me réponde ça. Je voulais qu'il me dise pourquoi il faisait ça. Pourquoi il changeait tant. Pourquoi il n'était plus mon "Jo" !!
Il s'approcha de moi et posa sa main sur ma joue. Je frémis à son contact. Il paraissait plus calme, mais tout à l'heure aussi il s'était calmé pour revenir à la charge ensuite !

Ne...

Je pinçai les lèvres, hésitant à dire ce que je voulais. Je ne savais pas quelle serait sa réaction, mais en ce moment je n'avais pas envie de ça...

Ne me touche pas ! lui laissai-je finalement entendre alors que je me reculais pour éviter son contact. Je ne veux pas rentrer avec toi ! Pas après ce que tu as dit !! Pas après ce que tu as fait !

J'avais l'impression que s'il me touchait encore, il pourrait me briser. Il aurait sans doute pu le faire, certes, mais ce n'était pas une raison pour en arriver là ! Il n'aurait pas dû, il n'aurait pas dû...

Sur le coup, je restais quelque peu choqué. Ne me touche pas? C'est bien ce qu'elle venait de dire? Mais pourquoi réagissait-elle de cette façon?! Qu'elle ait un peu peur de moi d'accord, mais qu'elle refuse que je la touche là c'était un peu trop à mon goût. Il ne me semblait pourtant pas que j'avais dépasser les limites de ce que je pouvais faire.

D'accord...

Je laissais retomber ma main le long de mon corps et la toisais avec une lueure d'interrogation dans le regard. Je n'y comprennais vraiment plus rien. A quoi cela servait qu'elle reste à mes côtés, si même pour la toucher je devais lui forcer la main. Pour le moment, je ne voulais pas que nous soyons ce genre de couple!

Que puis-je faire pour que tu me pardonnes...?

Je n'en revenais pas d'avoir dit une chose pareille. Cela revenait presque à m'excuser ce qui n'était vraiment pas dans mes habitudes, même avec elle. N'aimant pas du tout la tournure de cette discussion, je me tournais et fis quelques pas sur le chemin. Brr moi m'excuser quelle honte!

- D'accord...

Ce fut tout ce qu'il me répondit. Étrangement, il avait cédé. Il avait cédé et semblait à son tour quelque peu choqué. Mon geste avait-il eu un tel effet sur lui ? En tout cas, la lueur d'interrogation que je pouvais lire dans son regard était nouvelle, elle aussi. Et puis, il me demanda ce qu'il pouvait faire pour se faire pardonner. En cet instant, je retrouvai le petit garçon qui tentait parfois de se faire pardonner ses bêtises lorsque nous jouions ensemble et qu'il me faisait mal malencontreusement. Je me retrouvais devant le Jonathan que je connaissais, celui que j'appréciais et qui avait conquit mon cœur. Je le retrouvais enfin...
Il se tourna et fit quelques pas pour s'éloigner de moi.

Est-ce si difficile que ça, de s'excuser ? D'avouer que l'on a tort ? l'interrogeai en restant à ma place. Dis-moi, que ressens-tu ?

Quelque chose pour se faire pardonner ? Simplement redevenir lui-même... C'était tout ce que je demandais !

Elle ne se rendait pas compte à quel point cela était difficile pour moi de faire une telle chose. Admettre que je pouvais avoir fait les choses de travers et que je n'avais pas raison était horriblement dur. Car cela représentait s'abaisser devant quelqu'un d'autre ce qui suffisait à mettre un coup de poignard dans ma fierté.

S'excuser c'est avouer que nos faiblesses sont bien présente... J'ai l'impression d'être un perdant qui n'a d'autre choix que de plier l'échine devant celui qui l'a battut!

Oui, c'était tout à fait cela! En m'excusant, j'avais l'impression qu'elle m'avait dominer et cela ne me faisait vraiment pas plaisir. Malheureusement, c'était nécéssaire si je désirais la reconquérire. Et puis, d'un autre côté, c'était différent avec elle.

Je n'aime pas être comme ça Laena! Toute cette violence devant toi et sur toi me répugne. Mais je ne sais pas comment faire d'autre... Si je ne me montre pas fort, je vais te perdre. Ils vont t'enlever à moi!

J'avais peur qu'il ne s'ouvre pas à moi, qu'il n'accepte pas de le faire. Et pourtant, il me donna ses raisons, il m'expliqua tout. Et ses paroles me touchèrent, me faisant presque oublier les événements passés. Il était juste un peu trop fier, au final. Et il ne voulait pas me perdre...

Tu sais, ce n'est pas toujours une faiblesse d'avouer ses erreurs. Parfois, cela aide de le faire, tu es soulagé parce que tu reconnais que tu n'est pas parfait, et tu n'as pas besoin de l'être. Personne n'est parfait, il ne faut pas essayer de le devenir à tout prix en reniant les erreurs que tu peux commettre.

Je m'approchai de lui, ma jambe toujours endolorie mais qui ne tarderait sûrement pas à aller mieux. Je le contournai et levai les yeux pour croiser son regard. Et je lui souris, sincèrement. Cela faisait bien longtemps que le faire ne m'était plus arrivé. Je posai ensuite ma main sur sa joue, imitant le geste qu'il avait fait tout à l'heure.

Je ne les laisserai pas faire. C'est toi que j'aime, et ils n'ont rien à dire là-dessus.

Je le fixai encore un instant avant de poser ma joue contre son torse. Cette chaleur que j'évitais tant m'avait manqué, je me devais de l'avouer. Cette douceur dans sa voix, et cette lueur dans ces yeux m'étaient indispensables !