Doubt [Jo]

Elle était enfin de retour. N'allez pas croire que j'en doutais, c'était pour moi la plus grande des certitudes. Il ne pouvait en être autrement, Laena devait me revenir! Tous ceux qui lui tournait vainement autours ne la méritait pas. Ils n'avaient rien pour lui plaire et la satisfaire. J'étais le seul qui puisse lui convenir et elle allait bien devoir se faire à cette idée. Pour le moment, elle était peut-être encore réticente, mais il ne faudrait guère longtemps pour que son corps, comme son esprit en soit convaincu.

Alors que je déambulais dans les couloirs pour rejoindre sa chambre, je m'arrêtais soudainement. Pourquoi me fatiguer à aller jusque là et de faire une arrivée bruyante alors que je pouvais la surprendre en surgissant à ses côtés. Cette idée me semblait bien plus divertisante alors je la choisis et disparu comme par magie. (Le jeu de mot pourri xD)

Tu as fait ce qu'il fallait faire... murmurais-je à son oreille.

Disons-le tout de suite, mais surtout très vite, j'étais heureux que ma poupée favorite et rejoint sa maison. Mais ce n'était quant même pas cela qui allait faire disparaître la colère que j'éprouvais en cet instant. Il y avait encore beaucoup de sujet dont nous devions traîtés avant que je puisse ne fus-ce que réfléchir à ne pas maltraîter Lucas. Comment avait-elle pu croire qu'il me suffisait de sa promesse pour que je le relâche?! J'étais loin d'être stupide et tant que je n'avais pas des certitudes, ils étaient hors de question que j'arrête de m'en servir comme marionnette. Il était bien trop pratique...

Alors que je me croyais seule, sa voix retentit proche de mon oreille. Je sursautai et m'écartai, trop peu habituée à des apparitions de ce genre. Surtout que j'étais perdue dans mes pensées avant qu'il n'arrive... Je ne m'étais pas attendue à le voir, du moins pour le moment. Et puis, avant, je n'avais pas peur lorsqu'il arrivait. Je ne ressentais alors aucune hostilité, ni aucune crainte.

De quoi parles-tu ? l'interrogeai-je aussitôt mes esprits recouvrés.

Puis, en y réfléchissant -j'avais d'ailleurs du mal avec ça, ses pupilles me clouant sur place-, je me dis que ce devait être en rapport avec la promesse que je lui avais faite tout à l'heure. Ou alors était-ce le fait de me rendre ici "de mon plein gré" afin de délivrer Lucas ?
En tout cas, ce ne devait pas être celui de lui avoir fait face tout à l'heure et d'avoir menacé de rentrer chez moi avec Lucas ! Pourtant, j'avais bien eu l'intention de le faire, face à son comportement !! De plus, je n'aimais pas vraiment qu'on me force la main, et c'était ce qu'il faisait depuis plusieurs mois déjà ! D'abord "m'enlever" alors que j'étais hésitante ; me retenir ici alors que je désirais voir ma famille ; puis, la fameuse scène de notre anniversaire... ; et enfin, même si selon moi ce n'est que deuxième par ordre de gravité, kidnapper Lucas afin de me faire revenir ici ! Tout cela lui ressemblait si peu, du moins cela ressemblait peu à l'image qu'il m'avait donnée depuis des années !!! C'était très déroutant.

Je jubillais intérieurement de la voir comme ça. Elle me craignait? Et bien c'était parfait et cela arrangeait bien mes affaires. La peur, lorsque quelqu'un d'autre la resentait, était un sentiment si intéressant. Et je n'hésiterais bien sûr pas à l'utiliser et à la provoquée dès que cela serait utile. J'allais me géner non mais!

Laena épargne moi les questions idiotes veux-tu...

J'étais faussement désèspéré. En réalité, j'avais secrètement espérer qu'elle me pose cette question pour que je puisse tranquillement enfoncé le couteau dans la plaie fraîchement faite. Et pourquoi pas le faire tourner sur lui même tant que j'y étais.

Mais tu as de la chance. Comme je suis de bonne humeur, je vais prendre la peine de te répondre. Attention, cela ne sera pas tout le temps comme ça. En fait, cela ne dépends que de toi et de ton comportement. Tu te montres gentille et obéissante pas de problème. Par contre, si tu devais ne fus-ce que me refuser quoi que ce soit, attends toi à de sévères représailles... J'accompagnais mes paroles d'un sourire carnassier avant de lui répondre, reprennant cette fois une mine réjouie. Je parle bien sûr de cette promesse. Revenir à mes côtés était la meilleure chose que tu avais à faire ma chère princesse. Imagine ce que j'aurais pu faire à ton petit Lucas? Il y a tellement de tortures que je n'ai pas eu l'occasion d'utiliser depuis longtemps. Il aurait été le cobaye parfait. Mais grâce à toi, il est entier. Du moins pour le moment, car si tu me met en colère, il est fort propable que j'aille me venger sur lui histoire de ne pas âbimer ce si joli minois...

Saisissant son menton avec tendresse, je laissais mon index se promener sur sa peau pour bien appuyer mes paroles. C'est vrai que cela aurait dommage, elle était tellement belle...

Oui, excuse-moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça...

Je baissai les yeux, confuse. J'étais la plus grande des idiotes, il avait raison ! Je le désespérais...
Cependant, malgré l'absurdité de ma question, il prit la peine d'y répondre. Là au moins, je le retrouvais. Toujours à répondre à mes interrogations, toujours à vouloir me faire plaisir ! Quoique, cela ne dura que quelques secondes. Déjà, les paroles qui suivirent me choquèrent et me surprirent. J'en restai bouche-bée, même quelques instants après qu'il ait fini. Je ne bougeai pas alors qu'il s'emparait de mon menton, mesurant la gravité de ses paroles. Et pourtant, avec obstination, je me refusais à y croire ! J'en avais eu la preuve par deux fois, et je le refusais toujours !

Tu n'es pas sérieux ! Tu me fais marcher là...

Mais je ne pouvais pas croire qu'il me fasse marcher. Pas après la mort de ma mère lors de nos fiançailles "surprises". Il était sérieux. Et le ton de sa voix, son expression si neutre, ses pupilles noires de jais ne me laissaient aucunement le loisir d'hésiter.

Pourquoi fais-tu ça ? Tu as tellement changé ! Je ne te reconnais plus !!

C'était mon tour d'être désespérée, et bien plus réellement que lui.

A cet instant, je n'eu qu'une envie, éclater de rire. Ce qu'elle pouvait être naïve. Alors comme ça, cette idiote n'avait toujours pas compris que tout cela c'était du vent? Que je ne m'étais montrer sous un jour différent que dans le but qu'elle m'appartienne. N'en pouvant plus, je m'esclaffais sans la moindre retenue.

Changer moi? Mais que me chantes-tu encore?!

Je me calmais seulement, reprennant un masque froid et impassible. Quoi que je ne m'empêchais pas de conserver un léger sourire en coin, ravi par la situation. Je n'allais pas lui cacher ma joie, autant la partagée.

Tu commences seulement à découvrir le vrai Jonathan. Et bien alors quoi, ce que tu découvres ne te plaît pas? C'est dommage pour toi, car tu vas bien devoir t'y habituer.

Je me penchais sur elle et posais mes lèvres sur les siennes avec douceur. Elle n'avait pas encore dit non pour le moment alors l'usage de la force n'était aucunement nécéssaire. Par contre si il faisait mine de refuser, je n'hésiterais pas à l'embrasser rudement car c'est ce dont j'avais envie pour le moment.

Je t'aime Laena et je n'ai pas envie de te faire du mal. Ce serait si simple si tu acceptais mes conditions et que tu restais à mes côtés sans me faire utiliser des procédés douteux. Cela me coûte beaucoup de te devoir faire des choses pareilles mais je ne peux pas imaginer un seul instant renoncer à toi... soufflais-je contre ses lèvres.

Je ne compris pas la raison de son hilarité. Il me laissait perplexe. Bien sûr qu'il avait changé ! Ou alors il m'avait menti durant cinq cent ans...

Découvrir le vrai Jonathan ? ... Tu n'étais pas le "vrai" avant ?

Il me demanda alors si ce que je découvrais me déplaisait. Oui, cela me déplaisait même fortement ! Je n'avais pas aimé un assassin... Je me refusais à le considérer comme tel !

Je ne veux m'habituer à rien du tout que je ne connaisse déjà ! Le Jonathan que j'ai rencontré était gentil, prévenant, espiègle... Peut-être un peu trop entreprenant parfois, mais cela n'était jamais grave ! Il n'était pas un tueur...

Ses lèvres se joignirent aux miennes dans un doux baiser. Je ne lui rendis pas son baiser, car je trouvais le moment inapproprié pour de telles choses ! J'étais en train de lui dire que je n'admettais pas ses manières -de façon détournée- et lui ne pensait qu'à m'embrasser ! Et même si la chaleur de ses lèvres sur les miennes m'était encore agréable, l'idée même en cet instant me paraissait ignoble !

Et même s'il affirmait m'aimer, ne pas vouloir me faire de mal, il m'en faisait ! Il m'en avait fait en m'obligeant à commettre l'irréparable ! Il m'en avait fait en m'enfermant ici et en m'interdisant de voir ma famille ! Il m'avait fait mal en faisant souffrir Lucas...

Je m'éloignai de lui pour parler. Je prononçai mon petit discours d'un ton assez lasse, car je lui avais déjà dit au moins la moitié plus d'une fois !

Jo, je ne te demandais pas de renoncer à moi ! Mais tes conditions sont irréalisables ! Parfois, j'ai presque l'impression d'entendre mes parents lorsqu'ils m'interdisaient de te voir... Ce n'est pas juste de me demander un tel choix ! Et puis, tu pourrais au moins me consulter avant d'annoncer nos fiançailles devant tout ce monde ! Et j'aimerais que tu ne me forces pas la main de cette manière... Quand j'étais jeune, cela fonctionnait, et cela m'était égal. Mais avec les récents évènements, j'ai eu tout le loisir de réfléchir, et je trouve que tu en fais trop ! J'ai le droit de faire ce que je veux, je suis une personne tout comme toi. Je suis libre... Je n'aime pas me sentir enfermée. Je te l'ai déjà dit !

Je replaçai une mèche de cheveux qui avait glissé devant mes yeux à sa place tout en baissant les yeux. J'espérais qu'il m'entendrait, cette fois-ci !

J'étais terriblement frustré qu'elle refuse mon baiser. Comment osait-elle se comporter de la sorte avec moi! Néanmoins, je décidais de ne pas réagir trop vivement. C'était la première fois et cela pouvait encore passer. Après tout, j'aurais ce que je désirais à un moment ou un autre alors pourquoi ne pas essayer cette théorie disant que plus l'on attendait meilleur ce serait.

S'ils ne s'étaient pas tous mis en travers de mon chemin, je serais rester cet homme là!

Bien sûr, cela n'était pas totalement vrai, mais l'important était qu'elle le croit. Je ne pouvais pas encore la faire tourner comme je le voulais, je devais donc mesurer mes gestes et mes paroles pour le moment. Je restais donc sur le lit, l'observant se déplacer sous le feu des mes pupilles.

Et pourquoi cela?! De toute façon tu m'aurais épousé alors j'ai préféré faire ça s'en traîner! De plus, l'attente m'aurait exposé à des risques de complication. C'était donc la meilleure chose à faire quoi que tu puisses en dire!

Je fis un très gros effort pour me contenir. Non la violence n'était pas la solution pour cette fois, je devais me retenir de régler cela de cette manière. Je choisis donc pour une fois de la brosser dans le sens du poil. Avouer que j'avais un peu exagéré sur ce coup-là était un bon plan.

Je le sais... Excuse-moi, je ferais en sorte de te laisser plus de liberté...et aussi te laisser faire tes choix pas toi même...

Tu le serais resté... Alors pourquoi ne pas le rester quand même ? Tu n'as pas besoin de changer à ce point à cause de mes parents...

Je relevai les yeux vers lui et croisai son regard plus profond encore que la nuit la plus noire. Par le passé, je n'avais fait que me perdre dedans durant des heures, apaisée par cet envoutant mystère. Mais à présent, ces pupilles me faisaient peur. Je ne savais pas de quoi il était capable, et je ne croyais pas qu'il soit capable d'autant d'atrocité !

Il se justifia en me sortant encore une fois l'excuse qu'il me fournissait à chaque fois : j'aurais accepté, alors il n'avait pas besoin de me consulter. Et alors ? C'était une chose importante ! Certes, j'aurais accepté, mais ce n'était pas une raison... Encore une fois, il choisissait pour moi. Il décidait à ma place...
Je me levai et parcourus la pièce durant quelques secondes avant de reprendre, reposant mes yeux sur lui :

De quelles complications parles-tu ? Nous aurions pu attendre ! Ce n'était pas la meilleure chose... la tuer était loin d'être la meilleure chose !! Je ne le dis pas à la légère, je le pense réellement ! Tu n'aurais pas dû m'y obliger... C'était ma mère !!! C'était un être vivant... Et je l'ai tuée à cause de toi ! Je ne sais pas ce qui m'a pris, je ne voulais pas...

J'étais au bord des larmes mais je me retins devant lui. Il n'avait plus besoin de me voir pleurer une nouvelle fois.
Il finit par ajouter des excuses. Ses premières excuses depuis des mois ! En fait, je ne me souvenais pas l'avoir déjà entendu s'excuser de la sorte... J'hésitai un instant puis vins me rasseoir près de la tête du lit, pour ne pas être trop près de lui et risquer une nouvelle tentative d'un baiser dans un moment pareil.

Merci ! Ca me soulage déjà un peu... Alors la première chose que tu peux faire pour appliquer cela...

Je marquai une pause pour réfléchir à la façon dont j'allais formuler ma demande.

Tu pourrais libérer Lucas. De toute façon, je resterai ici, je te l'ai promis. Alors ça ne sert à rien de le garder. J'ai fait le choix de rester... Mais je veux aussi avoir la liberté de voir mon père, mon frère, et mes amis... De retourner chez moi, de temps en temps ! Je ne veux pas être enfermée ici tout le temps, j'en deviendrais folle !!

Je n'en revenais pas qu'elle puisse encore me croire. Pire, elle croyait vraiment que j'allais faire tout ce qu'elle désirait. Certes j'allais faire en sorte de sauvegarder les apparences encore quelques temps pour qu'elle soit obéissante, mais cela ne voulait pas non dire que je me laisserais pigeonner en beauté par la princesse. J'avais besoin de certains éléments pour garder une sécurité et ceux là, je ne comptais pas les abandonner. Lucas en faisait bien sûr partit.

-"Pour ta famille et tes amis passent encore... Mais j'ai encore quelques petites choses à voir avec Lucas. Je le libérerais un peu plus tard et il ne sera pas maltraîté durant nos charmantes discussions."

Je me relevais, en ayant assez d'être assis, et fis quelques pas dans la pièce avant de me tourner vers Laena, l'observant un instant avant continuer. Il serait bien trop dangereux pour moi qu'elle quitte le château pour rentrer chez elle alors il valait mieux arranger les choses autrement.

-"Je préfèrerais pourtant qu'ils se rendent ici lorsqu'ils désirent te voir. Ce sera plus simple. Et puis pour le reste, tu seras libre de faire tout ce que tu désires tant que tu resteras dans le périmètre du château. Voilà mes seules conditions..."

Il semblait hésiter. En tout cas, il ne me répondit pas tout de suite. Mais sa réponse ne me satisfit pas. Il y avait d'abord quelque chose de dérangeant dedans, puis ces petites choses à voir avec Lucas ! Je ne voulais pas qu'il le libère plus tard, je tenais à ce qu'il le fasse tout de suite ! Cependant, avec les récents évènements et ses menaces de tout à l'heure, j'eus une hésitation à lui répondre. Mais je ne pouvais pas le laisser faire ça...

-"Non... Cela ne me convient pas ! Tu m'avais promis que si je revenais de mon plein grés, si je suivais Nicolas et que je rentrais ici, tu le libérerais aussitôt ! Tu dois tenir ta promesse ! Je ne comprends déjà pas pourquoi tu as ainsi ordonné à tes gardes de le blesser..."

Il tournait dans la pièce, mais cela ne dura pas longtemps. Il ne tarda en effet pas à reposer les yeux sur moi, semblant m'observer. Il décidait encore de me tenir enfermer, me promettant de faire venir ceux que je demandais ici. Mais moi, ce dont j'avais besoin, c'était d'air et de liberté ! Je n'étais pas un oiseau que l'on mettait en cage et que l'on montrait aux gens sans pouvoir le laisser sortir pour se dégourdir les ailes !

-"En quoi cela sera-t-il plus simple ? Et comment pourrais-je être libre de faire tout ce que je désires si tu ne me laisses même pas respirer un peu ??? Tu peux me le dire ça ?"

Je me levai pour lui faire face, plantant mon regard dans le sien.

-"Je rejette tes conditions ! Maintenant, si tu veux bien t'en donner la peine, j'aimerais que tu libères Lucas et que tu nous laisses rentrer chez nous ! Dans ces conditions, je ne puis rester ici..."

Avec un haussement d'épaules assez révélateur, je n'avais pas réellement écouter sa tirade sur son "cher" Lucas, je repris mes pas dans la chambre. Elle était bien trop spacieuse à mon goût et si la demoiselle qui serait bientôt ma femme ne se montrait pas plus docile, une première chose à faire serait peut-être de rendre sa cage moins accueillante. Elle disait qu'elle voulait de la liberté mais je n'étais aucunement diposé à lui en donner bien en contraire.

Pourquoi désires-tu à ce point la liberté?! Est-ce donc si impensable pour toi de te suffire de ma personne?! Juste toi et moi... soufflais-je doucement, mes pupilles plongées dans les siennes une nouvelle fois.

Bien évidement je m'attendais à ce qu'elle continue à en demander toujours plus. Ce genre de personne, vous lui tendiez la main et elle vous prenait tout le bras avec le deuxième en prime. Moi légèrement abussif dans mes propos? Jamais de la vie, j'étais intimement persuadé de ce que je prétendais.

S'il te plaît Laena cessons de parler de lui. Je croyais qu'on pourrait l'oublier un peu et avoir une discussion un peu plus agréable...

Ses silences, bien que me laissant un répit, m'étaient presque plus insupportables que ses paroles. Mais chaque fois qu'il reprenait, c'était pour enfoncer le couteau dans la plaie. En fait, sa présence seule suffisait à m'effrayer, à cet instant. J'aurais préféré qu'il quitte ma chambre, pour me laisser seule à mes sombres pensées. Mon deuil n'était pas encore achevé...

Ne me dis pas que tu fuis la liberté, toi ?! Alors pourquoi ne pourrais-je pas y goûter, moi aussi ? J'y ai autant droit que n'importe qui !

Me suffire simplement de lui ? C'était une question assez difficile ! Comment aurais-je pu me suffire d'une seule personne, en abandonnant toutes les autres?

Peut-être... De temps en temps. Mais j'ai une famille et des amis ! Pourquoi devrais-je y renoncer ? Ce que tu me demandes là est tout simplement insensé...

Jamais je ne pourrais renoncer à toute vie sociale seulement parce que je l'aimais et qu'il me le demandait. Il n'était pas le seul présent dans mon coeur. Mon père, mon frère, mes amis,... Même ma mère y était encore !!

Il me demandait de cesser de parler de Lucas pour avoir une conversation agréable. Je le trouvai assez culoté, comme à son habitude à vrai dire.

Qu'entends-tu par plus agréable ? Voudrais-tu que je parle avec toi de la pluie et du beau temps tandis que tu retiens prisonnier mon ami ? Je ne pourrais m'y résoudre. Libère-le, et je serai sans doute un peu plus encline à avoir une discussion plus agréable avec toi...

Sans réellement me rendre compte que mes paroles se rapprochaient fort du chantage, je soutins son regard, espérant qu'il finirait pas accepter ma requête.

Mais qu'est-ce qu'elle pouvait être ennuyeuse lorsqu'elle s'y mettait! Je ne lui demandais quant même pas grand chose! Juste qu'elle fasse ce que je lui demandais bien gentillement et que s'y possible, elle le fasse en silence. Surtout si c'était pour raconter des choses pareilles.

Moi, fuir la liberté? Absolument pas, je suis la liberté même et je décide de ce que je fais...

Ta famille? Tes amis?! Mais c'est moi ta famille, Laena! Et je serais ton ami aussi puis-ce que tu en veux!

Levant les yeux au ciel, réellement agacé je cherchais un moyen de couper court à la discussion tout en ne devant pas claquer la porte. Aussi décidais-je d'hocher simplement la tête en la fixant.

Pourquoi pas?? C'est une très bonne idée de parler du temps. Il est même très agréable aujourd'hui... Tu ne trouves pas?

... et de ce que les autres doivent faire !

J'avais fini sa phrase comme quoi il décidait de ce qu'il faisait personnellement. Ca, il pouvait le faire, je n'avais absolument rien contre. Mais le reste...

Tu es certes mon ami, mais tu ne fais pas vraiment partie de ma famille... Nous n'avons pas le même sang, ni les mêmes origines. Nous appartenons à deux peuples différents...

Je commençais à en avoir assez de me disputer de la sorte avec lui ! C'était agaçant, parce qu'il avait toujours réponse à tout, et ce tout excluait une quelconque vie sociale de ma part. Quoi que je fasse, je sentais que je n'arriverais pas à le faire changer de position aujourd'hui. J'étais fatiguée, et je n'étais plus d'humeur à discuter. Mais je n'abandonnais pas la partie pour autant...

Si, il l'est. Et cela me chagrine de ne pouvoir en profiter... J'aimerais tellement pouvoir sortir un peu !!

Parfait! Mon petit plan avait fonctionner à merveille. Comme je le désirais, la demoiselle avait changer de sujet et je pouvais un peu mieux maîtriser la conversation. Pas que j'étais incapable de diriger la discussion en ce moment, juste que c'était bien plus simple maintenant!

On pourrait aller se promener? Qu'est-ce que tu en dis...

Voilà, se montrer sympathique et remonter dans son estime en cédant à tout ses caprices. Enfin d'une certaine manière.

Mais bon pour cela tu devras te suffir de ma seule compagnie. Cela ne te dérange pas j'espère? Vu comment tu réagis, cela ne te plaira sûrement pas.

Prenant faussement un air légèrement triste, je retournais m'asseoir tranquillement sur le lit. Croisant les mains, je les posais sur mes genoux avant de tourner finalement la tête vers elle.

Il me proposa alors une balade, en précisant que ce serait rien que tous les deux. J'hésitai : je désirais sortir, mais je n'étais pas vraiment d'humeur à le faire avec lui. Cependant, si telle était la seule solution pour pouvoir respirer un peu d'air frai... Il semblait un peu plus conciliant et moins agressif. N'avait-ce été qu'une saute d'humeur ?

J'accepte. Ta compagnie me suffira amplement pour une simple balade. Cela ne me dérange pas d'être à toi pendant quelques heures. Je veux seulement que tu saches que tu n'es pas le seul dans ma vie...

Je le fixai pour essayer de lui faire comprendre mes paroles, même si ce n'était pas la première fois que je tentais de le faire ! Il était têtu, parfois. Son air calme était plus rassurant, bien qu'il ait toujours quelque chose de mystérieux. J'avais l'impression de le retrouver un peu... J'osai presque un sourire.

Ne crois pas que rien de ce que tu dis ne me plaise... Sinon, je ne serais jamais tombée amoureuse de toi !

Je me sentais étrangement apaisée, presque désinvolte. C'est à peine si je pensais encore à Lucas coincé dans cet horrible palais noir et glacé.

Je préférai ne pas relever le cynisme présent dans sa voix. Je n'aimais pas lorsqu'il faisait ce genre de remarques, je ne m'y habituais en réalité pas. Pour moi, il était toujours présent dans mon esprit comme le Jo que j'avais rencontré étant petite...

Je jetai un oeil à la fenêtre et y vis à nouveau le soleil. Je m'approchai d'elle, heureuse déjà de pouvoir enfin sortir de ce qui ressemblait presque à une prison ! J'y avais été enfermée pendant trop longtemps avant de rentrer chez moi avec mon frère. Et maintenant, j'y étais à nouveau. Mais il semblait plus concilitant. Peut-être avait-il changé d'avis...

Ne me demande pas de sourire plus, je n'en aurais pas la force...

Je voulus rajouter quelque chose comme "surtout pour toi", mais je me retins de le faire. Je ne voulais pas risquer de le voir une nouvelle fois m'interdire de sortir en se sentant menacé ou pour une quelconque autre raison. Je n'avais pas vraiment compris son but, depuis le début...

Il se pencha vers moi pour frôler mes lèvres. Je fermai les yeux durant une courte seconde avant de me laisser tirer par la main. J'attendais avec impatience les grandes portes qui me permettraient de sortir au dehors pour prendre une grande bouffée d'air frais, en sa compagnie qui plus est. Je n'avais plus envie de me retrouver seule pour l'instant, sa présence ne me dérangeait plus outre mesure. Au contraire, je me sentais tout de même bien avec lui...

Tout ça n'est qu'une question d'effort. Si tu n'es pas prête à en faire, tant pis pour toi...

C'était juste une petite remarque comme ça. J'avais pour le moment oublier ma mauvaise humeur et en rien, je n'avais voulu sous-entendre quelque chose. Ce n'est pas parce qu'elle faisait l'effort de se montrée plus sympathique en ma présence que je céderais à tout ses caprices de gamine qui ne comprenait rien à la vie!

Tu as le teint bien trop pâle, l'air frais et le soleil te feront définitivement beaucoup de bien.

Et c'est sur ces mots que nous passions les portes du Palais de Monär sous les yeux des soldats qui les gardaient. Ne pressant pas le pas, bien au contraire j'avais ralentis l'allure, je la conduisis tranquillement vers l'une des allées bien moins importante. Je ne voulais pas que des nuisibles petits soldats viennent pourrir notre délicieux moment à deux.

As-tu une idée de l'endroit où tu veux te rendre? Une balade dans le verger pourrait être agréable...

Je me tus à sa réflexion. Non mais il n'avait pas le droit de dire ça de cette manière. Je faisais justement des efforts monumentaux pour ne serait-ce qu'esquisser un sourire et me montrer un tant soit peu enthousiaste à l'idée de sortir dehors avec lui. Certes, j'avais grand besoin de prendre l'air, et tout autant l'envie de le faire, mais je me serais bien passée de le faire dans le parc du Palais et à ses côtés, même si je redoutais de me retrouver seule à l'instant.

Ce n'était pas vraiment un compliment, de me dire que j'étais trop pâle. Il aurait aussi pu s'abstenir de le prononcer, et le garder pour lui, même si c'était vrai !

A ton avis, qui en est le responsable ? Si tu m'avais laissé sortir un peu plus, je ne serais pas si pâle... soufflai-je à mi-mots.

Nous sortîmes enfin au-dehors, passant devant les gardes qui nous ouvrirent rapidement les portes, baissant les yeux sur notre passage. Je me laissai guidée, connaissait bien trop peu les alentours tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Je ne m'expliquerai jamais le fait qu'il ne m'ait que très peu fait visiter, ayant pour conséquence celle que j'étais bien incapable de retrouver mon chemin seule.

Je ne sais pas... Oui, cela me parait être une bonne idée ! Je n'ai encore jamais vu le verger de Monär.

Je fis attention de découvrir discrètement les alentours, histoire de repérer l'endroit pour mieux m'y retrouver. J'étais discrete pour la simple et bonne raison que je savais qu'il n'aimait pas ça, même si j'en ignorais la cause.

Je te suis.